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15/11/2008

À quoi bon ?

Crédits photographiques : Associated Press.

À la différence de ce pseudo-Mallarmé en fer blanc qu'est François Bon, toujours heureux lorsqu'il peut nous annoncer, dans un style frisant l'apoplexie syntagmatique et puant le faux hermétisme, la dernière révolution technologique qui nous permettra de lire tout Marx sur un écran de la taille d'un ongle de petit doigt de pied, à mesure même que la Toile commence à attirer tout ce que la France compte d'éditeurs (et Dieu sait qu'elle en a !, certes, bien après les annonceurs qui, eux, ont flairé un marché immense), alors même que n'importe quelle ménagère de moins de cinquante ans ou crétin qui lit Baudelaire comme il lirait une notice d'utilisation de machine à laver, croient avoir reçu l'autorisation (et s'en font même quelque comique devoir) d'écrire leurs bluettes, estimant en outre que la critique littéraire (la vraie) n'y est absolument pas honorée par deux de ses plus emblématiques journalistes virtuels, Pierre Assouline et Didier Jacob, tandis que clabaude sans relâche la nappe grouillante des éphémères anonymes, que fermente la pâte putride des pseudonymes, je trouve de moins en moins d'intérêt et de plaisir à arpenter la Zone, riche pourtant de centaines de notes, d'auteurs et de rédacteurs.
Les nains s'offusquent toujours que mes commentaires soient fermés. Ils le sont... presque systématiquement, parce que je ne veux pas ajouter du bruit au bruit et que j'ai toujours eu pour politique de mettre en ligne des textes intelligents et argumentés, qu'importe même qu'ils soient à quelques bonnes années-lumière de mes propres opinions. Il me serait facile de multiplier les exemples de cette pluralité de voix dans la Zone mais je me contenterai de rappeler la grande série polyphonique intitulée Bellum Civile).
Cette lassitude, et, de plus en plus souvent hélas, ce dégoût, ne sont point des sentiments véritablement nouveaux puisque je m'en étais entretenu avec le regretté Dominique Autié, déjà disparu dans le perpétuel bruit de fond virtuel (dans ma réponse à son propre texte), Dominique, ce humble véritable qui estimait au contraire que l'espace virtuel de l'Internet était une chance (elle l'est, mais cette chance, comme toute manifestation destinale, est aussi ambiguë que dangereuse) pour une multitude de voix que les médias traditionnels ignoraient, parfois moquaient.
Je doute que la virtualité, cet universel reportage fonctionnant bien trop souvent à vide, soit absolument la dernière chance donnée à la littérature de se faire lire, entendre, écouter, admirer, commenter.
Et, si décidément elle l'était, cela signifierait que nous avons perdu toute force, tout sentiment de la présence réelle, toute pesanteur et, peut-être, toute grâce avant d'être finalement dévorés par cette bulle qui ne cesse de grossir à la vitesse du bavardage.

Commentaires

Bonjour M. Asensio,
Que dire? Je vous dirai juste que la lecture du "Maître de Ballantrae" m'a tout à fait enthousiasmé, et le passage que vous citiez en lien avec Conrad est effectivement bien marquant.
Ah et puis merci pour les extraits de MacCarthy: cela donne grande envie de se plonger dans ce feu. "Méridiens de sang" et "la route" sommeillaient hagards sur mes tristes étagères d'aggloméré...

Bien à vous,
Tanguy

Écrit par : Tang | 15/11/2008

"...nous avons décidément perdu toute force, tout sentiment de la présence réelle, toute pesanteur et, peut-être, toute grâce avant d'être finalement dévorés par cette bulle qui ne cesse de grossir."

Je ne crois pas du tout à la possibilité d'une inéluctable dévoration des singularités affectives par la Machine. Tu es la preuve vivante du contraire. Même si je ne partage pas tous tes choix de lectures, certains de tes emportements, tu incarnes par tes propos la nécessaire réponse à cette question d'Hölderlin : parce que le temps de manque, justement.

Écrit par : di folco | 15/11/2008

Votre vif dégoût, pour compréhensible qu’il soit, me laisse rêveur et ne laisse pas de m’inquiéter. J’imagine difficilement l'Internet sans un, que dis-je, sans son Stalker. Aussi, comme par écho, cela m’incite à ouvrir au hasard le Tierra de nadie d’Onetti et y recopier, à votre intention, ces quatre lignes :

"C’est curieux que ce soit si insupportable de déshabiller l’âme, et que des gens soient capables de le faire pour de vrai. Et ensuite, il reste le tout, la vie. Une femme qui a été avec des hommes et qui vient ici montrer à cet animal jusqu’aux zones les plus immondes de l’âme… Qu’est-ce qu’elle devient après ?"

Si c’est là toute la question, nous autres, on devient quoi, nous autres ?

Écrit par : Michel Hoëllard | 15/11/2008

On peut trouver presque l'intégralité des Journaux de Bloy sur Gallica. Et alors ? La lecture sur écran remplace-t-elle vraiment la manipulation d'un livre imprimé, et les éditions contemporaines révisées et annotées par un éditeur consciencieux ?
Non.
Internet n'a de légitimité que s'il amène le lecteur à acquérir cet ouvrage de valeur, s'il l'amène à passer ses nuits sur un livre qui le grandisse.

Écrit par : Le Phage | 15/11/2008

Même si les commentaires sont parfois ouverts, je n'en ai jamais laissé car je pense comme Juan Asensio qu'à un texte doit répondre un autre texte. Je déroge à cette règle ici pour apporter mon soutien au Stalker, dont je pense que la disparition de la Toile signifierait justement une nouvelle victoire du « reportage universel » sur la pensée authentique. Peut-être - simple suggestion - faut-il que l'auteur laisse le Stalker en hibernation quelque temps avant de retrouver la motivation de l'alimenter. En attendant, il y a en effet des centaines de notes ici, qui échappent à l'exigence de l'« actualité ». C'est bien suffisant pour attendre.

Écrit par : Criticus | 15/11/2008

A quoi bon?
A quoi bon , alors, déposer un commentaire?
Elle est récurrente, cette lassitude, et compréhensible, forcément compréhensible...
Juan, je sais que vous ne lui céderez pas.
Et si jamais vous lui cédiez, j'ouvre un blog et je lance un appel à la blogosphère pour vous conjurer de revenir!

Écrit par : Elisabeth | 15/11/2008

Je profite que les commentaires soient ouverts pour inviter Francis Moury à regarder L'Ultime Souper, film de Stacy Title, sorti en 95-96... Certes, ce n'est pas un film fantastique, mais cela peut lui plaire en tant qu'amateur de perles rares. Avis à l'assemblée. Amicalement.

Écrit par : lonervil | 15/11/2008

Cher "Ionervil",

Vous n'avez pas mentionné la nationalité du film, ni son titre original ni le genre auquel il appartiendrait à moins qu'il ne soit "transgenre" ce qui peut exister et est assez fréquent dans l'histoire du cinéma.
Je retiens cependant votre suggestion en vous en remerciant.
J'ajoute que j'ai dû publier au total sur Internet à l'heure qu'il est, depuis l'état 2002, environ 460 études de films du cinéma mondial des origines muettes à nos jours, couvrant à peu près tous les genres, y compris de nombreux grands classiques n'appartenant nullement au genre fantastique.
Sur le site même de Juan, plusieurs genres sont d'ailleurs représentés parmi mes études : METROPOLIS de Lang n'appartenant pas au même genre que NEW YORK DEUX HEURES DU MATIN de Ferrara ou que HAMBURGER HILL de Irvin, vous en conviendrez, etc...
Et il n'y a pas ici que des textes relatifs à l'histoire et à l'esthétique du cinéma mondial, écrits par votre serviteur, je le précise aussi et vous pouvez vous en convaincre aisément en consultant le moteur interne de recherche : vous y trouverez aussi de la littérature, de la philosophie, de la politique, de la sociologie, et bien d'autres miettes éparses qui, rassemblées, pourraient constituer un pain nourrissant.
Quant au texte angoissé de notre cher varan Juan Asensio, je veux dire quant à son angoisse relative à la possibilité d'une sorte de métastase technique qui dévorerait le langage puis la pensée et dont son propre site pourrait être victime du simple fait de son existence en tant que tel, je me joins publiquement aux exhortations sympathiques de ses lecteurs - et de ses lectrices - pour l'enjoindre à persévérer. Une telle angoisse, qu'il se rassure pleinement, est sans fondement. Son site est au contraire un de ceux qui justifient la possibilité technique qui lui a donné naissance.
L'histoire de la littérature française et de la pensée française devra désormais tenir compte d'Internet : c'est une évidence après à peine 5 ans de travail. Qu'en sera-t-il dans 10, 20, 50 ou 100 ans ? Forcément quelque chose grandira là, qui est déjà beau...
"Vale"
FM

Écrit par : francis moury | 15/11/2008

J'ai voulu vous faire part ici, Juan, d'un besoin existant de comprendre plus à fond ce que ferait correspondre l'écriture, mise en avant plutôt alors que le "Verbe", qui fait parfois dirait-on bien l'objet d'une sorte de "mode" - ce qui risquerait peu d'arriver à l'écriture, puisqu'elle est le fait proprement d'hommes et de femmes libres d'expressions.
Pour ce qui regarde donc la virtualité dont dépendrait bientôt la littérature à paraître ? Que serait cette virtualité sans ce qui en fait l'essence au fond ?
Bien amicalement.

Écrit par : hiérarchie ? | 15/11/2008

l'important ici c'est la manière de bon,de traiter le patron de l'éclat de vieux monsieur dépassé!et aussi de le traquer avec ses ici ici (ceux de bon) avec ses joujoux informatiques numériques!ses nouveaux joujoux à bon ils s'en sert à outrance pour traquer le moindres faux pas(le blanchot de sa jeunesse sa formation son éthique)de ses collègues Michel Valensi ici!! mais il le fait aussi pour ses collègues écrivains!bon,on pourrait dire de lui le polémiste capital!(sic).Mais si vous entrez en polémique chez lui (le tiers livres) lui si doux,si souriant,si démocrate,si rock..et bien il vous efface.j'avais mis un commentaire gentil pour qu'on écoute valensi!il l'a gardé!je retourne sur son blog pour voir si d'autres ont parlé!oui juan asensio défendait valensi pas méchamment,il disait son choix! car bon parlait de choix et il avait choisit contre valensi.j'y retourne une demie heure plus tard asensio supprimer! je gueule lui dit! mon commentaire est resté 2 minutes:sa manière me dégoute je voulais qu'il supprime mon mot trop gentil trop poli,car lui n'était pas honnête! il ne l'a pas fait il le garde et supprime les deux commentaires qui risquent à mettre en cause le bonbon!ça ne m'étonne pas de lui mais ça m'agace!surtout qu'on le vante à mort bon,et son travail d'artiste!mais le problème c'est Artiste y pas ou plus (je connais pas l'oeuvre assez,mais bien assez)!le problème c'est que bon a une frénésie de ses outils numériques,et il s'en sert de façon dangereuse,où s'arrêtera-t-il ,pourtant il s'inquiète du fauteuil de gracq,lis saint-simon,instruit les jeunes sur la musique de SON temps,avec des choix risqués ,il en a du courage!il va numériser la théorie de la folie des masses,et va continuer en musique risquées,on parle de lou reed et zappa!y fait que les inconnus,et comme lui des durs!comme lui.......

Écrit par : robert | 15/11/2008

Vous dites Juan : « Je doute que la virtualité, cet universel reportage fonctionnant bien trop souvent à vide, soit absolument la dernière chance donnée à la littérature de se faire lire, entendre, écouter, admirer, commenter. » Il se peut également que cette « virtualité » en question, ait été le premier état de l’Adam primitif après la Chute. Dès lors la « virtualité » serait de nature ontologique, depuis toujours et à jamais en ce mode, elle est de nature destinale pour reprendre l’expression d’un certain Martin Heidegger. L'homme, en tant que virtualité abîmée, liée, assujettie, est cette réalité initiale dont la solidarité existentielle ne souffre aucune contestation : si rigoureusement primitive en réalité qu'il manquerait une "raison" pour la mettre en doute. On ne saurait donc le faire de prime abord que déraisonnablement, sans justification.

La coexistence est en effet indéniable, dont se constitue la cogitation toute première (et dont précisément notre tâche est de rendre raison). C'est de l'être virtuel que brasse la pensée ; elle n'agite rien que "sub respectu entis", sous la forme d'être et en rapport à sa virtualité abstraite. Tel est le "logos" indiscutable, cette liaison de la virtualité ontologique à ce qui l'entoure. Indiscutable détermination, car on ne la discuterait encore qu'au nom d’un devenir bien hypothétique, si on prétendait la mettre en doute. Avant toute disposition qui prétendrait de notre choix, nous sommes ainsi embrayés, enclenchés, engagés...produits « virtuellement ». C'est ce fait, justement, dont il nous faut tenir compte. Et sans doute assumer.

Le postulat initial d’une fatale détermination au virtuel, si l'on tient à ce terme, n'est donc en réalité d'aucune façon postulé, mais imposé, positif, donné par nature et de naissance. Nous sommes de la race de ceux qui cherchent virtuellement l'être. Plutôt que d'un postulatum à admettre, c'est du postulare en effet qu'il s'agit de chercher raison. Et il ne faut donc point confondre avec un quelconque postulat, comme celui qui marge l'origine d'une hypothèse, l'universelle ligation et obligation, l'implacable domination qui est faite à l'homme, face à laquelle il ne peut qu'interroger, interroger en réponse à la provocation des phénomènes, à la détermination de l'être à la terrible contingence virtuelle.
A l'origine, il n'y a donc pas seulement une conscience. Ni même un être authentique parmi les êtres en coexistence. Mais, un être déterminé à la virtualité, soumis, dominé. A l'origine de la démarche, il y a cette provocation manifeste des phénomènes tous plus virtuels les uns que les autres, dont on ne peut se déprendre, se libérer... sauf bien évidemment dans le refus existentiel réalisé, d'une certaine façon, par le suicide qui n’est en fait, que le triomphe ultime d’une dernière virtualité…accomplie, mais toujours manquante.
La réponse de l'homme est son interrogation, la réponse à la détermination existentielle est dans « La Question. »

Écrit par : Zak | 16/11/2008

Le dégoût est compréhensible, partagé. C'est, par delà la pénible impression d'inutilité, un signe de vigueur, le signe d'une clarté de la vision, l'indice d'un détachement salutaire entamé, en ce qui vous concerne, il y a déjà longtemps j'imagine. Mais pourquoi particulièrement ces temps-ci? Est-ce parce que, les uns et les autres, nous passons régulièrement par des cycles historiques, biographiques qui nous sont propres? Avançons-nous d'arcane en arcane, avec des pauses à chaque seuil afin de dissiper les dernières possibilités épuisées de la demeure désormais derrière nous, avant l'entrée sur un nouveau territoire?
"Vous quittez la Maison de Servitude. Nous vous souhaitons un agréable voyage." Et pourtant, dégoût. C'est peut-être que, dans notre inépuisable complexité, nous avons l'impression de ne pas faire assez, ou d'avoir trop fait, et pour quels résultats? Aucun d'entre nous ne pourra sauver ce monde à lui (elle) seul(e). Mais de même qu'il existe une communion des saints, il existe une communion des singularités que nous sommes, et cette charité que nous n'en éprouvons pas moins pour ce monde, même le glaive à la main, cette charité pourrait bien être beaucoup plus puissante que ce que nous croyons.
Nous ne prenons pas forcément la mesure du bien que nous faisons. La charité qui vous meut n'en est pas moins réelle. Pourquoi créer un blog littéraire? Financièrement, vous n'avez rien à y gagner. Vos livres, alors? Pas davantage: après des centaines de notes chacune de haute tenue, chacune marquée au sceau de ces vertus cardinales que tant voudraient tourner en ridicule, il me semble, sauf erreur de ma part, que vous êtes tout sauf un histrion.
Dégoût, certes, mais le glaive et la charité sont toujours là.
La Guerre et l'Amour continuent pour la réalisation de l'Oeuvre, et nous, nous continuons de vous lire!

Écrit par : Stéphane Normand | 16/11/2008

Dans Wallenstein, Schiller écrit :

"Oui, voilà bien comme ils sont !
Effrayés par toute profondeur ;
Ils ne sont à l'aise que sur le plat".

C'est le triste lot de toute époque : la masse aime la facilité, se complaît, non pas dans le médiocre, mais, pire, dans le moyen. Internet a ceci d'effrayant qu'il semble mettre en relation tous les "moyens" du monde. Pourtant, au milieu de cette légion uniforme de voix fausses, les sons harmonieux émis par quelques-uns se distinguent merveilleusement...
Ce n'est donc pas le moment de flancher ! Laissons la multitude arpenter le plat et essayons de maintenir, coûte que coûte, un peu de profondeur.
Bien amicalement.

Écrit par : Germain Souchet | 16/11/2008

En attendant que les maisons d'édition fassent faillite et retrouvent finances et une ligne d'édition plus honorables, je crois effectivement qu'internet est le meilleur moyen de connaître des auteurs aujourd'hui oubliés. Des auteurs comme Berdiaev, Léontiev, Chestov, qui ont eu leur heure de gloire, et pour cause, car ce sont d'immenses penseurs, ne sont même plus publiés aujourdhui. Internet permet donc deux choses: faire connaître des écrivains de génie comme le fait avec talent Juan et rechercher sur les librairies en ligne, qui elle même sont en lien avec de vieilles librairies, s'il n'y a pas un dernier exemplaire qui traine sur une étagère poussiéreuse. Au passage, j'ai pris le dernier exemplaire de "Tolstoi et Nietzsche" de Chestov, certainement le plus profond et le plus sensible écrit sur Nietzsche, avec celui de Thomas Mann.

Écrit par : Benoit | 16/11/2008

A quoi bon?
Attention! "Le doute mène au désespoir".
Lautréamont cité par Philippe Sollers dans ses entretiens avec Gerard de Cortanze.

Écrit par : Denis Lair | 16/11/2008

Mmmh, en effet la toile a de quoi souvent donner la nausée tant le tout et le n'importe quoi de notre société s'y épanouit grassement...
Mais vous savez bien, qu'il s'y trouvent aussi, quelques pépites... rares évidemment.
Internet m'a permis de vous découvrir... de vous lire... et de découvrir aussi d'autres auteurs que je ne connaissais pas... de m'élever... Alors courage...

Écrit par : Anne | 16/11/2008

Oui quelque chose peut être beau, même s'il ne dure qu'un millionième de seconde… Dès que j'ai commencé à ausculter — tièdement — la blogosphère "littéraire", j'ai tout de suite pensé au monde des revues. Naissance, jeux d'enfant, combats, nombrilisme, split et mort violente… Des Vies Brèves, en quelque sorte, et qu'il est toujours intéressant d'interroger s'agissant d'une époque. Sur les 300 millions de blogs existant, moins de 5% sont tenus à jour au moins une fois par semaine (source Francis Pisani), quant à ceux qui le seraient quotidiennement ? Il est peut-être temps pour vous de faire autre chose ? Je ne sais pas. Vos goûts et dégouts laissent accroire que vous en gardez sous le coude pour la Bibliothèque, non ? Cela fait longtemps que je voulais vous écrire pour passer à la moulinette les réactions suscitées par vos textes ; et devinez ce que je me disais à chaque fois… À quoi bon ? Évidemment. Je me suis fendu il y a peu, d'un commentaire fielleux-mielleux au mini pamphlet de Pedro Babel à votre égard. Je crois tout simplement que vous êtes monté trop haut. Vous êtes atteint d'une sorte d'ivresse des altitudes qui vous donne la nausée au moindre coup d'œil vers le bas. C'est physiologique, et ça ne peut qu'influer vos écrits. Vous pratiquez une prose onomastiquement ascentionnelle, qui vous fait chausser des qualités d'Hermès mais aussi d'Icare les défauts ; ne le dites-vous pas d'ailleurs vous-même dans "Toile Infra-verbale" ? Comme de bien attendu, vous flirtez sciemment avec le risque anaérobique de sortie de l'atmosphère, et de vous retrouver ainsi tout seul, à la dérive, tel ce maudit compagnon de sortie de Bowman dans 2001, l'Odyssée de l'espace. D'où cet appel mélancolique vous faisant espérer quelque rencontre salvatrice et ailée qui, bien sûr, dût-elle surgir de la toile comme une araignée borgésienne, ne saurait satisfaire un si vaste appétit. Et c'est là que je ne vous suis plus. La foi en la littérature est une chose — discutable d'ailleurs, quant à moi très discutable même — mais votre foi en une lecture providentielle laisse interdit le mécréant que je suis ! Vous, l'admirateur de Karl Kraus qui tombez — mutadis mutandis — dans le piège de Carl Schmitt ? Je n'ose vous citer L'Écclésiaste et ses soleils offusqués qui, cependant, ne peuvent que vous parler. Sans parler du philosophe artiste nietzschéen… Bref, comme disait Théophile de Viau à Malherbe après sa fameuse "fixation" : Il a bien fait, mais il a fait pour lui ! Au plaisir de vous (re-)lire Merci pour tout (enfin presque). Cordialement,

A.G

P.S : pour les déjà-nostalgiques-lèchant-leurs-plaies, je conseille de faire comme moi : commander chez son BEL & BON libraire préféré Maudit soit Andreas Werckmeister !… Amen.

Écrit par : le correspondancier | 16/11/2008

Cher ami,

Si vous n'aviez pas régulièrement ce genre de réaction : dégoût, colère, début de découragement, je m'inquiéterais pour votre capacité à réagir.
Une fois lus je n'ai jamais oublié ces mots de Bernanos : "Le monde moderne est une immense conspiration contre la possibilité d'une vie spirituelle" ; "Le démon de mon âme s'appelle : " A quoi bon ? ".
Combien de lecteurs passent sur Stalker chaque jour ? Combien ont connu grâce à vos textes et à ceux de vos invités un élargissement de leur horizon intellectuel, littéraire, esthétique, métaphysique ? Combien y trouvent chaque fois matière à réflexion ?
Je sais bien ce que je vous dois. Les autres lecteurs aussi, s'ils ont un minimum d'honnêteté.
Presque toutes les notes de votre blog, même celles qui ne sont pas des critiques a priori, sont des réactions de votre esprit au néant spirituel et mental constituant l'immonde dans lequel nous avons le fatigant devoir de vivre. Réactions articulées par vos lectures.
Pour moi (vous verrez les réponses de vos autres lecteurs) je considère que la Zone est le blog francophone le plus indispensable. Vous avez eu le courage de répondre à votre vocation et de travailler vos dons pour obtenir le grand talent dont nous pouvons admirer les fruits aujourd'hui.
Internet reste un moyen de communication aux performances impressionnantes et totalement libre. Vous êtes donc libre d'y publier vos textes sans rendre aucun compte à n'importe quel micro-Jdanov de comité de rédaction. D'autant que nous ne pouvons savoir combien de temps cet état de liberté d'usage durera. Profitez-en maintenant ! Comme les stratégistes chinois le savaient parfaitement depuis Sun Zu il importe de détourner les moyens matériels de l'ennemi à votre profit. Internet vous permet précisément d'utiliser la technique contre la technique.
Je vous en prie : gardez courage !
Seules les oeuvres resteront. Le bavardage médiatique meurt sitôt proféré. Votre blog et vos livres contribuent à l'écho des oeuvres. Le reste est risible ou pitoyable selon l'humeur du réactionnaire authentique. Tenez : aurais-je connu l'oeuvre de Nicolas Gomez Davila sans vous ?

Mes vives et fraternelles amitiés.

Écrit par : Samuel Gourio | 16/11/2008

La question essentielle méritant d'être posée, à mon avis, serait : cher Juan, prenez-vous encore du plaisir à écrire ces articles ? Si la réponse est négative, et que ce déplaisir soit moins lié à la Toile qu'au fait d'écrire, simplement, je ne vois aucune raison de continuer. Vous n'avez aucun devoir à remplir, envers vos lecteurs, aussi enthousiastes soient-ils - et je suis de ceux-là, vous le savez. L'homme change et doit se transformer. Peut-être en êtes-vous profondément las de cette Zone et que ça dépasse de très loin les problèmes de réception et autres liés à la nature d'Internet.

Écrit par : Julian Flacelière | 16/11/2008

Merci aux uns et aux autres, vraiment. Je suis ravi de constater que ces commentaires, chaleureux mais critiques, proviennent de personnes qui, souvent, n'ont pas de blog, alors que celles que j'ai mises en lien en colonne de droite (catégorie des Zonards), hum, adoptent disons un silence prudent, probablement parce qu'elles ne me lisent même plus, croyant tout savoir de mes qualités et défauts d'écriture.
Zak, lorsque je parle de virtualité, pas la peine de me faire un cours de théologie, de grâce, surtout que j'emploie ce terme dans le sens de reportage universel, ne convoquant point Adam, Eve, Martin et Thomas !
J'aime assez les réponses complexes, mais les sur-réponses si je puis dire m'ennuient au plus haut point.
Il y a dégoût, lassitude, fatigue (réelle)... acédie : analysez cela si vous le voulez...
Correspondancier : trop haut ? Oui, peut-être, parce que j'ai tenté de hisser l'exercice de rédaction de notes, sur la Toile, à un niveau je crois unique, du moins, voyez comme je suis modeste (je crois déjà lire le prochain pastiche du Lapin consanguin...), en critique littéraire. Ceci dit, j'assume je crois le risque d'hermétisme, que vous comparez joliment à l'une des scènes du grand film de Kubrick. Je flotte ? Mais oui, au milieu de mes livres : que d'autres me suivent s'ils le veulent et surtout le peuvent.
Je ne lis pas de façon providentielle ou en cherchant une forme de providence : je lis en cherchant coûte que coûte des réponses à mes questions et je l'ai d'ailleurs écrit, sans me faire la moindre illusion quant aux réponses que je trouverais. Mais ces réponses, je les veux encharnées, me moquant comme d'une guigne des grands mots qui ne veulent plus rien dire.
En somme, une âme et un coeur et un corps à étreindre, comme disait le poète rendu à la rugueuse réalité...
Disons que je lis avec la rage d'un possédé et c'est bien pour cela que j'ai tant de mal à pardonner les auteurs de mauvais livres : autant de péchés contre l'Esprit, autant de péchés contre le langage, autant de péchés contre vous, mes chers lecteurs, connus et inconnus, aimés ou cordialement détestés !
Pour les autres : je ne suis pas certain que la Toile ne serve qu'à nous renvoyer à de bons textes : elle permet des rencontres aussi, et j'en ai fait quelques-unes, fort belles, parfois dangereuses, souvent horriblement décevantes. Des rencontres en tous les cas...
Même si, au final, ces rencontres avec des personnes réelles n'ont de sens que si elles proviennent et retournent à des livres !
Bref, je tourne en rond dans la Zone.
De grâce, que l'un d'entre vous vienne me libérer, ou je risque d'errer en elle durant des siècles comme une âme maudite !
Et puis, plus sérieusement, il y a l'articulation entre activité virtuelle et profession (eh oui, je ne vis pas, absolument pas de ma passion et... comment le pourrais-je en constatant le niveau de médiocrité absolue de la critique littéraire pratiquée par les médias ?) et là, j'avoue que, cherchant depuis quatre années, je ne vois aucune forme de jointure possible, à moins, bien évidemment, de faire la putain, tel Pierre Assouline, et de couvrir son blog de pubs (sans compter la pub indirecte que Le Monde lui fournit)...

Écrit par : Stalker | 16/11/2008

Peut-être devriez-vous écrire des romans...

Écrit par : Benoît Hocquet | 16/11/2008

Oh la vilaine explosion plasmatique atomique déjantée de la pulvérisation fine des envies de novembre. La zone, je songe à la zone. Au caillou jeté, loin devant, à ces hommes un instant renonçant qui reprennent leur route pour retrouver le caillou, pour se confondre avec ce qui les attend et dont ils ignorent tout. Stalker, Stalker... Voici un caillou dans tes poches pour la tourmente des faux jours de novembre. Je te le donne. Lance-le, loin devant. Lance-le, Stalker.
La zone est habitée.

Écrit par : Philippe | 16/11/2008

Ce n'est pas la première fois, me semble-t-il, que cette question se pose à vous. Il y a la qualité de vos billets, de vos articles, celle de vos lecteurs, et puis l'horreur, peut-être, de se sentir tenu par les chiffres, les statistiques, que double, j'imagine, l'impression parfois de se répéter. Et le simple fait aussi que tout ce travail a l'air de ne servir à rien. Mais il est là, pourtant.
Ce n'est pas rien.

Écrit par : Pascal Adam | 17/11/2008

Depuis que je fréquente votre site, j'ai le sentiment d'avoir un nouvel ami. L'entrée d'un ami dans notre vie nous donne de la grâce, de la hardiesse ou de l'éloquence par l'ouverture qu'elles ont donné à notre pensée. Qu'y-a-t-il de meilleur que l'amitié - même virtuelle - quand elle a pour base des racines profondes ?
L'amitié est un luxe en cela qu'elle unit les âmes. Elle est un principe d'aristocratisation, dans le sens où elle s'oppose à la socialité la plus basse dont les tendances vont au conformisme et au nivellement, à la stagnation des intelligences et des sensibilités.
Vous, Stalker, êtes un de mes rares et précieux point d'ancrage où j'aime m'arrimer, où j'aime à revenir lorsque j'ai parcouru toutes choses et que je me suis trouvé seul dans le monde.
Mes amitiés donc.

Écrit par : Jérôme | 17/11/2008

Le net n'est que le reflet d'une société où le souci de probité n'intéresse quasiment plus personne. Je ne vous connais pas assez, mais je pense que la violence de vos propos est la même que celle qui vous fait exiger de votre travail - de critique - une telle qualité.
Imaginez-vous un croisé possédant un rayon laser : sans être grossier, vous êtes un des derniers lettrés au "cyber-pays" des derniers hommes. Qu'attendez-vous d'un monde où Mickael Vendetta, la grande reine des baudruches du moment, squatte les plateaux de télé et truste les clics du Net ?
Je n'ai aucun espoir.
Pensons volume, bordel, oublions la qualité, les nécessités du Verbe, l'impossible envie d'hurler à la face des nains, qu'écrire après Auschwitz, c'est écrire non pas pour exister auprès de ses e-potes, entre deux coms festifs, d'ASSoupline au dernier prosateur texto, mais pour survivre à l'homme du XXème siècle.
Ce que vous exigez de la littérature est bien trop grand pour les littérateurs, et franchement, ça représente 99% des effectifs, au bas mot, dont je fais encore partie, quand bien même aurais-je compris les véritables "urgences" de la littérature.
Je voudrais bien y croire, si tout comme vous, chacun écrivait comme s'il vivait, jour après jour, sa dernière ordalie. Vous écrivez avec votre sang, comme disait Nietzsche, et l'on sent bien que chez vous, le sang est esprit, spiritu. Plus personne n'ose mettre "de corps" dans l'écrire, ou presque, il ne nous reste plus que quelques fous, au pays d'Asimov. La machine vérole les hommes, c'est la silice qui remonte dans les neurones, et non l'inverse, ou si peu souvent.
Non, non, moi j'dis, la zone pleine de grandes bannières AMAZON - l'amas-zone -qui pointent vers le dernier Marc Lévy, voilà ce qu'il vous faut. Une grande supercherie de plus.
Vous n'avez pas le droit, M. Asensio...
"En un lugar de la Mancha de cuyo nombre no quiero acordarme, hay Juan."

Courage.

Écrit par : Mickael | 17/11/2008

S'il vous plait Juan, si vous comptez finir avec le monde des blogs, laissez votre site accessible en ligne, qu'on puisse continuer à revenir, et à lire et relire toutes vos notes. Votre site fait partie de ceux vers lesquels il faut revenir périodiquement en fonction de la maturité du lecteur.

Écrit par : Polydamas | 17/11/2008

C'est toujours par la capitulation des grands que les médiocres grangrènent, incapables eux-même d'une telle remise en question. Acceptez que les mauvais vous lisent, que les petits vous admirent, vous éduquez la Zone de votre intransigeance. J'espère juste pour vous, par souci d'équilibre des forces, que certains contribuent, toujours, à vous faire grandir. Si vous êtes le dernier et bien... ne mourrez pas trop vite.

Écrit par : Medellia | 17/11/2008

Une certitude au milieu de votre île, Juan : vous avez au moins autant de supporters que de commentateurs à votre déprime, soit 30, comme les deniers.
Bon, personnellement je vous passe bien volontiers cette... coquetterie issue de lassitude. Votre incroyable capacité de travail et votre aride franchise m'ont tant de fois enthousiasmé, et j'ai redécouvert tant de fois grâce à vous le courage, en même temps que des livres que j'aurais comme tant d'autres de vos lecteurs laissés s'empoussiérer sous leur(s) titre(s) (de gloire ou d'infamie).
Mais reprenez-vous, mon petit, nous avons encore besoin du stalker que nous avons trouvé ici !

Écrit par : Serge Rivron | 17/11/2008

Bien lu mais, contrairement à son présupposé, seul m'intéresse mon salut sur Terre : je ne cherche pas à conquérir l'invisible (qui m'entoure et me porte) et encore moins à retrouver une hypothétique béatitude pré-édénique, puisque qui veut faire l'ange fait presque toujours la bête.
Quand ces fantômes bavards comprendront-ils que notre salut est de chair ?
Je laisse donc le Ciel aux oiseaux et aux ectoplasmes et me contente bien simplement du sel de la terre.
Aux autres : merci.
Après tout, la Zone n'a de sens que pour vous : quoi de plus normal qu'elle réclame votre vitalité ?

Écrit par : Stalker | 17/11/2008

Bonjour Juan,
vous dites : "Je doute que la virtualité, cet universel reportage fonctionnant bien trop souvent à vide, soit absolument la dernière chance donnée à la littérature de se faire lire, entendre, écouter, admirer, commenter."

J'en doute aussi, notamment parce que chaque auteur invente ou inventera, si besoin. Mais, pourquoi "dernière" chance ? y aurait-il une date buttoir secrète et quelques huissiers à venir?

Écrit par : Mihal-Talia | 18/11/2008

P.-S. : le dégoût sur/à cause de/pour internet, surtout chez un bloggueur, est nécessairement et sainement cyclique. N'importe! Foin d'obligations. Laissez tout en l'état, dites pouce et ne revenez qu'au moment d'en retrouver plaisir et sens. Pourquoi trancher ? Ce blog est derrière vous, en tous les cas de figure. Non?

Écrit par : Mihal-Talia | 18/11/2008

Vous n'êtes pas mon ami et un ami comme vous me ferait un peu peur. Vous êtes cruel avec des êtres que j'aime et cela m'est pénible. Vous êtes intelligent, cultivé, solitaire et féroce.
Si je laisse un petit graffiti sur votre blog c'est pour cette bulle transparente, préservée, belle, innocente : ce que vous dîtes de Dominique Autié.
Pour ces mots-là, j'accepte une incertitude dans le regard que je porte sur vous.

Écrit par : Christiane Parrat | 18/11/2008

Internet est à sa manière une gigantesque discothèque, une foire mondiale où chacun croit nécessaire de se trouver, qui pour danser, qui pour mater les nénettes, qui pour ne pas être seul, qui pour... Évidemment, c'est un public potentiel. C'est pourquoi nous y sommes. Mais nous prétendons vendre des perles à des amateurs de breloques en plastique « made in China ». Et sommes au final déprimés parce que le public ne veut pas de nos perles. Mais le public n'a jamais eu que faire des perles ! Il aime la merde et basta ! Il ne se lasse pas de ses parfums, de ses saveurs. Faut le savoir, comme Assouline le sait. Et encore n'est-il pas le pire...

Parfois, Juan, vous me faite penser à ces intellectuels distingués qui fustigent la télévision et ne peuvent s'empêcher d'aller vendre leurs salades chez Ruquier, pour se plaindre ensuite de la vulgarité du lieu et de l'hôte, jurer qu'on ne les y reprendra plus, jusqu'à ce qu'ils cèdent à d'autres sollicitations, parce que, hein ? écouler en un quart d'heure une demi-tonne de salades, c'est pas mal jouissif tout de même. Donc si on aspire à vendre des cierges et des soutanes, mieux vaut s'essayer là où il existe des amateurs de cierges et de soutanes. J'en ai rarement rencontré dans une discothèque. Et s'il s'en trouve, ce doit être deux séminaristes en goguette. Deux — pas 20, ni 100. Et si vos cierges et vos soutanes les intéressent en principe, rien ne dit qu'ils aient l'envie, le besoin ou les moyens de vous en acheter. Lorsque cela arrivera, ils sauront où trouver votre boutique, si vous leur avez laissé votre carte d'affaire.

En son temps Bloy gueulait et sa voix résonnait dans le désert, quand le babil des Bourget et compagnie séduisait le public propre sur lui. Mais aujourd'hui, seule la voix de Bloy demeure. N'y aurait-il en France aujourd'hui que mille lecteurs de Bloy, combien pour Bourget ? Trois ? Et jadis, c'était le contraire : trois lecteurs pour Bloy, dix mille pour Bourget.

La lassitude et même le dégout sont permis. Moi-même, cela m'arrive, pour les mêmes raisons que vous : saturation, sensation de vacuité, de monotone enfer. C'est alors que je me replie sur mes fondamentaux, comme en ce moment : lecture, réflexion, écriture personnelle.
Votre blog n'est un blog que par le format. Je vous considère comme une revue. Vous avez de fidèles et exigeants lecteurs. Vous êtes parfois agaçant, hermétique, mais jamais vain. Vous êtes un passeur. C'est pourquoi je vous aime et c'est pourquoi je vous défends toujours.
Pourquoi ne feriez-vous pas une pause ? Vos fidèles lecteurs ne risquent pas de vous oublier...

Écrit par : Yanka | 18/11/2008

Christiane Parrat,un homme (ou une femme) qui vit en compagnie de Faulkner, Conrad, Broch, Bernanos, Mac Carthy, pour ne citer qu'eux, est-il(est-elle) solitaire? Je crois que Dominique Autié aurait répondu non. Relisez sur le blog de Dominique tous les textes qui concernent Juan Asensio.
La cruauté peut être salutaire quand elle a des motifs nobles. Je la préfère à la pseudo-tolérance, à l'hypocrisie, à la flagornerie qui se pratiquent sur certains blogs, aux pamphlets faciles animés par la jalousie, l'irritation d'être dérangé dans ses a-priori, son confort intellectuel, bref, je la préfère à la bassesse.

Écrit par : Elisabeth Bart | 18/11/2008

Elizabeth,
je crois qu'un grand lecteur est un solitaire, un être de silence.
La cruauté salutaire ? Non, ce n'est pas mon avis.
Pour le reste de vos idées exprimées ici, je vous rejoins.
Je maintiens, intelligent et cultivé.
Bonsoir

Écrit par : Christiane | 18/11/2008

La grâce de notre incarnation n'est possible que si le sens de la pesanteur demeure. En s'attaquant à cette donnée essentielle de notre condition, le Malin veut abolir la plateforme qui autorise le décollage vers d'autres sphères. La Chair a la possibilité évidente de la Sainteté, sinon le Christ jamais ne se serait incarné.

Écrit par : Nebo | 19/11/2008

Pour moi qui ne suis rien, voilà ce qu'il s'est passé : découverte de votre site par hasard, stupeur, horreur, retrait, retour, introspection, retour, colère, retour, retour, retour. D'un regard sans aucune complaisance, je vous lis, vos mots sont feu, à mon sens souvent dans l'excès, dans l'outrance, mais quoi, le feu est feu et mon sens n'a aucun sens. Je vous lis et trouve une matière qui me nourrit dans le clair comme dans l'obscur. Cela aimante les retours.

Écrit par : Alba | 19/11/2008

Oh la la ! Si ça continue ça va devenir de l'assoupline ici ! Chacun va venir salir son linge propre et s'encanailler… Diable ! La peste soit des Belles Âmes et des Belles Lettres réunies… Eh ! Oh ! Monsieur l'aquoiboniste ! Méfiez-vous donc de tous ces gens qui vous veulent du bien et fermez donc ces commentaires aquamaniles ! Ah, que la vie est quotidienne…

Écrit par : le correspondancier | 19/11/2008

Ne vous y trompez pas, Stalker : les "zonards", ou du moins certains d'entre eux, vous lisent toujours avec le même intérêt. La plupart de vos articles consacrés à la littérature figurent parmi les textes auxquels je reviens régulièrement.
Alors, à quoi bon ? - Bon à prouver, par la simple existence de blogs tels que le vôtre, qu'Internet est autre chose qu'un tissu d'âneries. Tôt ou tard, vous récolterez ce que vous semez ; c'est parfois déjà fait, à votre insu peut-être : on cède parfois plus volontiers à la curiosité qu'à la tentation du bavardage.

Amicalement.

Écrit par : François | 19/11/2008

Ne s'est-il pas trompé Yanka, en écrivant "nous prétendons vendre des perles", ne voulait-il pas dire "nous vendons des prétendues perles"?
Singulière prétention que ce prétendre là.
Et ces voix qui ne passent pas, aussitôt comparées à celle de Bloy, modérez-vous les gars, on pourrait faire une comédie de vos postures.

Écrit par : Sébastien | 19/11/2008

Stalker. Vous êtes une(notre) sentinelle.
C'est-à-dire une petite flamme qui éclaire un chemin dans l'obscurité, là où des dangers peuvent – et vont – survenir.

La sentinelle lit tous les bruits et les mouvements qui l'entourent, pour comprendre et traduire à l'arrière ce qui s'y passe. Parfois la sentinelle est lasse. Parfois elle voudrait dormir. Parfois il lui semble qu'elle n'arrive plus à décrypter ces bruits. Parfois aussi elle doute. À quoi bon ? Peut-être qu'en face l'autre est elle. À quoi bon veiller pour ses semblables ? À quoi bon leur transmettre ce qu'elle ressent et comprend de ce monde mouvant et fuyant ? De quel côté est la sentinelle, finalement ? Mais la sentinelle sait qu'elle doit se reprendre – car sinon elle meurt.

La littérature est à l'exact centre d'une croix, dont la verticale relie l'homme de chair et de sang à l'homme mystique – le bien, le mal –, et son horizontale transversale la communauté humaine réelle et charnelle, amis, alliés, aux indifférents, ennemis, étrangers. Exact centre, mais flottant, toujours en mouvement, car la croix est un équilibre sans cesse déformé par nos peurs, nos doutes, nos fois ; la pensée, la littérature, la voix, est ce point fragile et unique qui maintient la croix liée. (Pour la relativité spatiale de notre position sur cette terre, on peut lire avec profit ce billet http://strangemaps.wordpress.com/2008/11/17/331-east-and-west-never-the-twain-shall-meet/ )

Continuez à être "unique et modeste", hermétique, flottant, enragé, rancunier, et à chercher le Graal. "Qui m'aime me suive" vous va comme un gant, et son envers aussi.

Vous tournez en rond dans la Zone ? Non. Pas d'accord. Vous tournez en rond dans une zone de la Zone (celle que vous connaissez).
Un avis personnel (et donc partisan) : sortez, partez vers d'autres rivages de la Zone, car la littérature (lue par le Stalker) ne doit pas seulement seulement être partagée avec ceux qui la connaissent déjà, mais aussi donnée à ceux qui l'ignorent. Suivez votre côté Saint-Paul(qui est l'autre Saül) et prêchez ailleurs.

Votre blog est en lien sur le mien, et c'est un intrus incongru parmi les autres liens. Mais pourquoi est-il exactement là à sa place ?
Parce que la lecture intransigeante de la sentinelle est indispensable pour la pensée stratégique européenne. La littérature ? Les mots de l'homme, oui, avec l'éternelle lutte du bien et du mal, du courage et de la lâcheté, du dépassement de soi et de la médiocrité. Vous avez votre place en stratégie comme l'expert européen des recoins de l'âme (obscurs ou sur-lumineux) – même si l'on ne comprend pas tout, même si l'on ne lit pas tout : on apprend sur nous en vous lisant, on doute, on réfléchit, on pèse. Et on avance.

Écrit par : clarisse | 19/11/2008

La lecture profonde de Stalker me donne l'espoir d'un monde complexe et beau a la mesure de cette creation revelee au fils de vos mots. Dans l'etranger de ma conscience Je me cous a cette partition inachevee de l'ecriture. De cet Israel dechire amicalement votre.
Howard

Écrit par : Howard Journo | 19/11/2008

Nebo,
Si Dieu parait absent , c'est peut-être... qu'il utilise les armes de l'amour, tellement dérisoires face à la violence.
"Nous nous heurtons les uns aux autres, comme des barques : nos yeux sont aveugles bien que nous nous trouvions dans l'eau claire.
ô toi qui t'es endormi dans le bateau du corps, tu as vu l'eau : contemple l'Eau de l'eau."
Mathnawi III 1270

Écrit par : Christiane | 19/11/2008

Ce matin dans mon TER, j'ai attaqué Sàbato, Le tunnel. Allez hop, action. J'aurais peut-être découvert cet auteur en allant fouiner à droite à gauche, mais concrètement c'est vous qui m'avez donné envie de le LIRE, et pas seulement de consulter un article wiki.

Écrit par : Stéphane Normand | 19/11/2008

Salut, Juan.
Les types comme toi valent de l'or. Reste avec nous (moi, je ne sais pas parler, sauf pour dire des conneries, du genre : "c'est nous les meilleurs",... "on les aura" etc...).
Par chance, je suis tombé sur ton blog. C'est un vaste paysage balayé par l'esprit. ça réveille, ça revigore. Ce serait con que tu te tires, mais tu as le droit.Pourvu qu'on se retrouve, un de ces jours, pas trop tard.

Écrit par : Jacques Brodier | 19/11/2008

Voilà bientôt 3 ans que je lis vos critiques sur votre blog. Trois années durant lesquelles votre lecture m’a permis de découvrir ou de relire des écrivains tels que Paul Gadenne, Cormac McCarthy, Hermann Broch, Joseph Conrad,Georges Bernanos, Karl Krauss, László Krasznahorkai, Ernesto Sabato… Je vous suis donc redevable de me les avoir rendus vivants, dette dont j’aurai bien du mal à m’acquitter même en vous faisant part comme ici de mon admiration (et oui) et de ma gratitude ; dette insolvable quand bien même j’ai à mon tour fait connaître votre blog à quelques amis, transmis entre autres vos deux derniers ouvrages et conséquemment les auteurs dont vous faites la critique. Ceci répond peut-être à votre « À quoi bon ? »…

Écrit par : bruno voillot | 19/11/2008

Vous me touchez, cher Stalker, tout autant que vous m'éprouvez. Est-ce la danse de vos mots, votre colère qui s'acharne, votre talent prisonnier de cette zone dont vous ne cessez de dessiner les frontières? Indiquer infatigablement la différence, en creuser le trait : j'admire votre courage, votre manière de susciter la polémique comme on provoquait en duel, votre quête de l'Autre dans l'usage des mots qui sont chez vous des glaives autant que des caresses.
Mais je l'avoue, je ne vous ai pas assez lu. Ai-je craint de tourner en rond ? Abonnée à votre blog depuis peut-être deux ans, j'ai cherché une fois à vous contacter, espérant par le dialogue pouvoir mieux appréhender la substance de vos propos, en vain... Sans doute souhaitiez-vous un texte en réponse aux vôtres. Je n’ai pas votre talent pour la dissection, encore moins votre plume. Je continuais à recevoir vos lettres mais ne prenais plus le temps de les ouvrir. Plus philosophe que littéraire, soucieuse d’un pragmatisme rigoureusement kantien, j'aurai été impressionnée par votre érudition et peut-être désorientée par votre profusion ; à moins que ce ne soit seulement par la manière dont un blog – même s’il s’apparente, je suis d’accord, davantage à une excellente revue – nous sollicite.
Bref, il me semble comprendre votre lassitude. Ecrire, n’est-ce pas toujours s’écrire et oser par conséquent mettre sa vie en jeu ? Percer la bulle de notre ego et partir à la rencontre de l’Autre ? Un blog peut devenir un piège et, sans même qu’on y prenne garde, le lieu d’une enflure narcissique…
Les écrits néanmoins demeurent pour qu’à chacun soit donnée la liberté d’en faire le terreau d’une nouvelle floraison.

Amicales pensées

Écrit par : Laura | 19/11/2008

Ça fait un bon bout de temps que je me délecte de vos fulgurances (et parfois de votre méchanceté, il faut bien le dire), et je ne supporterai pas de me voir lésé de la part moderne du génie français que vous incarnez.

A défaut de menace physique, veuillez recevoir cette toute virtuelle : "monsieur, si vous disparaissez, vous m'en rendrez raison".

Amicalement et respectueusement.

Écrit par : D'Enguell | 19/11/2008

Christiane.
Si le grand lecteur est un solitaire, un être de silence, c'est pour écouter d'autres voix, vivantes et intemporelles.
Vos commentaires nous ramènent au cœur de cette note, au-delà du titre provocateur, et au dialogue entre Juan Asensio et Dominique Autié.
Vous préférez " les armes de l'amour" à la cruauté, soit. Encore faudrait-il préciser quelles sont-elles, ces "armes de l'amour". Le Christ polémique dans les Evangiles, et sa parole peut être cruelle. Combien voient encore dans ce fameux verset : " Pensez-vous que je sois apparu pour établir la paix sur la terre? Non, je vous le dis, mais la division" (Luc, 12,51), une justification de toutes les iniquités de l'Eglise catholique ( Croisades, Inquisition, dragonnades etc.) ? Ceux là n'ont pas compris de quelle division le Christ parlait.
Chez Luc, toujours, les "Malédictions" forment le contrepoint des "Béatitudes": "Malheur à vous quand tout le monde dira du bien de vous." (Luc,6,26)
Ici, le lectorat de Stalker sort de l'ombre (moins de blogeurs que de non blogeurs !) pour en dire du bien ,trop, aux yeux du Correspondancier, qui s'inquiète peut-être, que la malédiction évangélique tombe sur Stalker.
Pas de danger: sur d'autres blogs, on en dit beaucoup de mal.(L'arroseur arrosé, bien fait pour lui, disent certains.)
Division, donc, et cruauté ( plus ou moins haute, plus ou moins basse) partout.
Refuser la division, la cruauté, revient à mettre en doute la légitimité de la polémique, ou plutôt d'une conception de la polémique qui inclut, en effet, violence et cruauté. JA a écrit de très beaux textes sur la violence en littérature, qui démontrent que cette violence littéraire, pensée, n'a rien à voir avec la violence pulsionnelle du troll qui se lâche ou des trolls en meute, par exemple.
Dans un monde anesthésiant comme le nôtre, où le premier souci des parents est d'éviter la souffrance à leurs enfants au lieu de leur apprendre à lui faire face, à la traverser pour la dépasser, il me semble que la conception stalkerienne de la polémique est légitime. La cruauté de JA n'est ni sadienne ni sadique. On comprend, en lisant son entretien avec Dominique Autié sur "La littérature à contre-nuit" qu'il se l'applique à lui même comme ces soldats, autrefois sur les champs de bataille, qui s'arrachaient une balle ennemie sans anesthésie. Il exige peut-être trop des autres en leur demandant d'en faire autant.
Dans un superbe texte, "Les nœuds de paille",Dominique Autié répondait (déjà) à une crise d'acédie-asthénie de l'indomptable Basque. Célébrer, pontifier, voir : telles sont les trois fonctions essentielles de la Toile, selon lui.
Les commentaires de son lectorat prouvent que Stalker remplit les deux premières fonctions. Il fallait le cran et l'humour discret de Dominique Autié pour détourner les connotations péjoratives agglutinées au verbe "pontifier" dans le langage commun actuel, et lui redonner l'éclat de son sens étymologique: de quoi flanquer la colique aux consanguins ainsi qu'à tous les Homais et Homaises de la Toile.
"Les armes de l'amour" disiez-vous ? Voir, écrivait Dominique Autié, voir dans la langue intemporelle des amants. Qui sait si les lettres d'Héloïse et Abélard ne circulent pas à nouveau, comme il en rêvait, dans les arcanes secrets de la Toile ? Les armes invisibles de l'amour ?

Écrit par : Elisabeth Bart | 19/11/2008

Au début était ce que François bon avait fait à Michel Valensi.et le parti pris des choses par moi et par Juan Asensio,d'autres peut être...mais censurés...en tout cas un de mes commentaire et un de Juan Asensio effacés....Pour moi le texte de Juan était ouvert aux commentaires,en réponse au mutisme de François Bon et ses manières,pour qu'on parle juste de Valensi et de François Bon,et réunir les avis!Juan Asensio ne parle pas pour lui!ce n'est pas un cénotaphe(pour moi!) il parle d'avenir au contraire, et des illusions ou des avantages....comme certains se placent du coté du pouvoir.Rien de plus!ç'est parti un peu dans tous les sens,mais des gens ont parlé....alors Bon ou Valensi?C'est la question!

Écrit par : robert | 19/11/2008

Merci Elizabeth c'est très beau, ça ressemble à une lettre , une grande chose en mots qu'on met du bon temps à lire. Vraiment je hais les polémiques. J'aime rencontrer, j'aime jeter une poignée de mots comme on jette du grain. Parfois ça pousse, parfois pas. J'ai des amis que votre ami n'épargne pas . Ils ont pour eux de savoir se défendre avec des mots ou du silence. Je suis venue deux fois ici mais des balles perdues ont sifflé pas loin des oreilles . Me suis carapatée vite fait . Pas eu le temps de lire ou pas envie. Et puis pour mon ami Màc et son père , là franchement j'ai eu envie de lui donner un coup de pied à votre ami, et de lui dire touche pas à mon copain. Et au moment où je levais la galoche, v'là qu'il avait dans la main une boule de verre avec de la neige et dedans mon ami Dominique Autié.ça m'a fait drôle. Qu'est-ce qu'il faisait ici , dans la tanière de l'ogre ? J'ai voulu voir combien y'avait de s'quelettes dans le placard ! Suis revenue à la nuit tombée avec ma loupiote ! ouah ! super! scéance gratos de cinoche !
tous les Tarkovski ! Me suis assise et j'ai regardé. Il n'avait rien oublié, rien de rien !Même qu'il avait vu des choses que je n'avais pas vues !
Voilà . J'en suis là ! Besoin d'une pause. En plus j'ai bossé comme une dingue avec un copain sur une réflexion sur la traduction.
Ah, le Christ vous disiez. Oui, je l'ai rencontré. Il a explosé en vol lors de son ascension et bing , des millions d'éclats de son foutu coeur de fou d'amour. Alors je regarde les yeux des autres et quand ça brille, je me dis chouette v'là qu'il squatte chez ce bonhomme, ça va être la fête...L'aut' jour, chez un clodo qui avait forcé sur le gros rouge. Eh bien, ce gars-là il chantait et cela ressemblait au jardin des Oliviers...

Écrit par : Christiane | 19/11/2008

Je ne fais pas partie des Zonards mais appartient aux Nains et mégères...mais il faut bien que quelqu'un se dévoue pour dire que cette célébration, digne de la Corée du Nord, est tout simplement grotesque. On dirait un n° de l'Infini consacré à Sollers.

NDA : en lien, mon texte sur Pascal Zamor, qui, à défaut d'être très intelligent, sait au moins dans quelle case je l'ai rangé (et, dans mon esprit : à vie, rares sont celles et ceux doués d'une telle stabilité...).

Écrit par : P/Z | 19/11/2008

Mais oui, vous êtes une Oasis sur la toile. Une Oasis... Imaginez ce qu'est une Oasis dans un désert peuplé de mirages et de gredins en quête de razzias...

Bien à vous...

Écrit par : Nebo | 19/11/2008

Aux uns et aux autres, merci, je ne fais que me répéter.
Quelques réponses personnalisées, j'aime assurer le service après-vente.
Zamor : vous ne savez décidément pas lire, votre petite cervelle de chiot borgésien uniquement préoccupée par la volonté de mordre, il n'y a pas ici que pure louange, ce dont je m'accommoderais fort mal du reste.
Oh, et puis, écoutez, qu'y puis-je, après tout, si le travail acharné que je déploie, ici, suscite ces réactions (je le rappelle : la majorité proviennent de lecteurs que je découvre avec vous, pas de blogueurs...) qui me vont droit au coeur, bouderais-je mon plaisir ?
Le plaisir, un peu de ce plaisir si chèrement acquis, au prix de tant d'heures de lectures et d'écriture, d'errances pas seulement intellectuelles, croyez-moi, ce mince, charnel et surnaturel plaisir qui a été autrefois béni par Un qui souffrit pour nous, y compris pour vous, PZ, pour que vous gratifiez vos lecteurs de vos propres textes à peu près parfaitement inutiles, sauf peut-être aux yeux de ces taupes que sont Valérie Scigala et l'autre crétinissime zouave, Cingal, tous deux aussi prétentieux, intellectuellement, que sots (et probablement faux-culs, cela, je ne puis que l'affirmer publiquement de Scigala !), sans doute parce qu'ils ont quelque compte à régler avec l'Alma Mater...
Retournez donc à votre rumination d'impuissant paraît-il lettré, mon quarteron et à vos petites séances de flagellation grecque anaximandro-skoteïno-figuratives : vous savez que je goûte autant vos textes que votre laide présence, la présence de qui n'est jamais à sa place puisque personne ne le regarde et que, pourtant, son esprit vaut mieux que celui de celles et ceux qui le jugent et, d'un regard pas même méprisant, le renvoient à ses ténèbres personnelles.
Christiane : vous vous trompez sur votre ami, Màc (Montaigne à cheval, autrement dit : Jean-Philippe Goldschmidt, un des habitués du blog de Pierre Soupline) ou alors ne savez pas tout. Posez-lui la question : au plus fort de nos bons échanges, il m'envoya un mail accompagné d'un des textes les plus personnels de son père, me demandant de le publier, mais oui, sur Stalker.
Je le trouvai beau et intéressant, ce texte, mais truffé de fautes et de maladresses stylistiques : en l'état, répondis-je à Màc, je ne pouvais le publier et lui suggérai donc de le corriger ou alors de le faire relire par son père.
Pas de réponse et, depuis, il joue les fiers-à-bras chez Soupline et m'insulte : c'est facile du reste puisque je suis banni des commentaires de notre cacographe journaliste.
Elisabeth l'a très bellement dit mais je le redis à ma façon, parodiant Bloy (auquel, de grâce, je ne me compare pas !) : ma colère n'est que l'effervescence de ma pitié et, celles et ceux qui me connaissent personnellement le diraient, de ma gentillesse véritable.
Seulement, allez savoir, ce doit être un don, je flaire l'imposture littéraire comme d'autres reniflant un fromage banal, sans se tromper, vous refont son parcours depuis le pis de telle vache dans tel pré, et surtout pas celui de son bourru voisin...
Flairer un fromage à moitié pourri, c'est aussi savoir détecter ce qui deviendra un excellent fromage. La critique, c'est l'art, en somme, d'affiner...
Un dernier mot, enfin, à mes (pseudos-)ennemis : j'ai systématiquement remarqué qu'ils cherchent à m'atteindre et me blesser par la parodie, la caricature, la moquerie, l'insulte anonyme, l'insinuation, etc.
Mais avez-vous remarqué que personne, je dis bien personne n'a jamais osé m'affronter sur mon terrain, le seul pour lequel je revendique une maigre compétence, à savoir, la critique littéraire bien sûr ?
On me dit méchant, menteur, de mauvaise foi, catholique, christique, matamorique, réactionnaire, stalinien, nazi, amoureux de la sangria, que sais-je, mais pas un seul de ces prétendus contradicteurs pour affirmer, par exemple, que ce que j'ai écrit sur les livres de McCarthy, de Sabato, de Bolano, de Bernanos, de Faulkner, de Dantec, de la bonne centaine d'autres auteurs évoqués ici, ne tient pas la route, est faux, ridicule, que sais-je, n'est que le résultat d'un délire interprétatif ?
Cherchez.
Mais cherchez donc.
Pas un.
Pas un seul.
Alors, de grâce, petit Zamor, ironisez tant que vous le voudrez mais, le jour où j'accorderai quelque semblant de regard aux imbéciles de votre espèce, sera également le jour où vous serez l'auteur d'une critique aussi brillante, partiale, qu'elle se dressera de toutes ses forces et de son intelligence contre une de mes interprétations.
Jusque-là, quels que soient vos cris de vieille chouette ou de pucelle, éh bien je vais vous le dire : vous n'existez tout simplement pas à mes yeux et, si d'aventure quelque bizarre étudiant en sociologie s'avisait de sonder la maigre et peu profonde plate-bande que vous irriguez avec un dé à coudre et, partant, vous conférait quelque forme d'existence autre que virtuelle, ce serait sous cette forme aussi brève qu'assassine : Pascal Zamor, a tenu un blog (Ruines circulaires) à prétentions vaguement littéraires dont il reste une mince trace fossile dans la Zone de Juan Asensio.
Votre unique immortalité en somme, vous me la devrez.
Remerciez-moi.

Écrit par : Stalker | 19/11/2008

Comment ne pas comprendre votre dégoût, votre lassitude... Beaucoup les partagent, ici. Mais ce n'est pas si nouveau, au fond, et la toile ne change rien. Je me dis, juste, qu'il y a, dans cette efflorescence de blogs et de sites inutiles et insipides, si ce n'est la possibilité de sauver quelque chose de l'esprit du temps, au moins celle d'y croire un peu, et c'est déjà beaucoup, il me semble. Pour le reste, surtout ne vous fiez pas au silence : vos réflexions, vos commentaires, et votre manière de porter les phrases à leur paroxysme, tout cela nous est précieux ! Je ne partage pas toujours vos opinions, cela va de soi, bien entendu, mais je parcoure toujours vos textes avec un rare plaisir. Comment vous dire autrement : encore, encore, encore...
Avec toutes mes amitiés

Écrit par : Majuscule | 19/11/2008

Bonjour Stalker, ou Juan, ou je ne sais qui, car on ne se connait pas, pas du tout et c'est bien ainsi on peut se dire les choses neuves pas encore usées par les limes de la courtoisie. C'est un peu "tessons de bouteilles" chez vous quand vous écrivez aux uns et aux autres. Il faut faire gaffe où on met les pieds. Bon, j'ai trouvé un petit morceau de silence, venez donc vous asseoir et bavardons. Un café ? Moi oui, bien brûlant...
Dites-donc vous en avez des belles histoires dans votre hotte de Père Noël ! Non, je ne connaissais pas cette histoire de MàC; Pourquoi voudriez-vous qu'il me l'ait racontée, c'est votre affaire qui ne me concerne pas. Mais je la trouve très jolie.
Un jour, mon petit-fils - car je suis une grand-mère radieuse - m'a parlé de son père, mon fils donc, que je n'ai pas reconnu parce que dans la bouche de l'enfant c'était devenu un héros doré sur tranches comme ce vieux livre de Don Quichotte qui dort quelque part sur les étagères. Je ne l'ai pas reconnu mais je voyais dans les yeux brillants de l'enfant passer la magie d'un grand rêve de père, un qui serait plus beau, plus fort, plus intelligent que tous les autres papas. Ce jour-là si j'avais osé dire à mon petit-fils qu'il exagérait un peu, que cet homme était perfectible, qu'il y avait tel petit détail qui clochait, l'enfant se serait éloigné et m'aurait regardée d'un oeil noir et vengeur.
Votre histoire ressemble un peu à cela...
A part cela, le matin s'éveille dans la grande ville. Les ouvriers de l'atelier d'en face fument une dernière clope sur le trottoir avant de rejoindre leurs machines. Le métro proche fait trembler ses rames. Je les sens à ce frisson de pierres qui traverse l'immeuble et j'imagine les voyageurs du matin encore un peu ensommeillés partant vers leurs lieux de travail et c'est beau.
Bonne journée. Merci pour cette belle histoire que je ne connaissais pas. Allez hop : café !

Écrit par : Christiane | 20/11/2008

Monsieur Asensio

Qui suis-je pour faire un commentaire ? Simple étudiant en théologie protestante, découvre sur la Zone jusqu’au nom de certains des auteurs dont vous critiquez l’œuvre.
Cette zone que j’ai découverte par hasard lors de recherches sur M. Laurent Lafforgue et l’éducation.

C’est avec beaucoup d’intérêt que j’ai lu « le politique et le sacré » après avoir découvert son existence chez vous ou une bonne part de l’œuvre de George Steiner dont j’ai découvert l’existence chez vous.
Vous voyez mon inculture de départ, qui reste encore immense.

Je pense partager avec vous une certaine idée d’excellence, bien que j’en sois loin encore.
Et je ne peux que me désoler avec vous de la médiocrité de la majeure partie de ce qui est dit, écrit et publié. Dans mon domaine, je me désole aussi du manque de qualité de l’œuvre, en particulier apologétique de l’Eglise, son manque de capacité à toucher une société qui a, j’en suis convaincu, bien besoin de l’évangile. Je ne m’écarte pas tant de notre sujet soyez en certains.
Mais, puisque vous demandez un commentaire : je crois que vous faites fausse route.
A supposer que votre œuvre ait la moitié de la valeur que vous imaginez, ce que je ne suis pas capable de juger, vous vous fourvoyez.
La vraie grandeur n’est pas dans le fait de s’enfermer dans une tour d’ivoire, entouré de ses pairs seulement.
Contrairement aux apparences, la qualité et l’hermétisme relatif de votre œuvre, son agressivité et son orgueil aussi, sont à mes yeux un manque de qualité, une forme de bassesse.
La grandeur se trouve dans le service, l’intelligence dans la capacité à dire simplement des choses compliqué.
Lorsque vous voulez créer une excellence dans laquelle les simples humains devraient chercher, s’ils le peuvent, à vous suivre, vous faite œuvre de médiocrité.
Je vous suis extrêmement reconnaissant pour le travail que vous avez fourni, l’explication, de critique, et partiellement tout de même de vulgarisation puisque j’ai pu vous lire, et je l’espère vous comprendre un peu. Vous m’avez permis de découvrir avec un peu plus de facilité des auteurs que j’eusse sinon complètement ignoré.
Si vous en avez le temps et le désir je serais aussi intéressé par une critique de certains de mes modestes textes.
En espérant que vous me passerez le manque de qualité de ce court commentaire, je vous souhaite, monsieur, une excellente journée.

Écrit par : Paul CARDON | 20/11/2008

Allons, vous ne pouvez vous taire, ça ferait plaisir à trop d’imbéciles, et puis vous êtes loin d’avoir fini votre exploration des territoires hantés et des terres possédées. Et de plus purs royaumes…J’espère un jour vous entendre sur L’apprenti sorcier de Eweirs, vous voir éteindre Mann d’encore plus près, que sais-je…Tant de masques de Kurtz a parcourir encore…
Il me reste encore bien des tours et détours de La zone à découvrir. Quel labyrinthe vous avez ouvragé ! avec ses renvois qui nous offrent un merry-go-round exquis, possession de la littérature contre médiocrité… les lassitudes d’explorateur ne sont que trop normales. D’«autres horribles travailleurs viendront », certes, mais quand ? Osons un lieu commun pour faire bramer Bloy le somptueux :« Il ne faut pas lâcher la proie pour l’ombre » (surtout pour les très mornes ombres qui attendent…)
Tel Colomb en attente d’invisibles rivages, frétez votre parole - ne serait-ce que pour ausculter l‘avancement du néant ? sinon, mon Dieu, il nous restera une immense topographie oh combien réjouissante, et pour cela, merci.

Écrit par : Restif | 20/11/2008

Paul Cardon :
Vous écrivez : "La vraie grandeur n’est pas dans le fait de s’enfermer dans une tour d’ivoire, entouré de ses pairs seulement.
Contrairement aux apparences, la qualité et l’hermétisme relatif de votre œuvre, son agressivité et son orgueil aussi, sont à mes yeux un manque de qualité, une forme de bassesse.
La grandeur se trouve dans le service, l’intelligence dans la capacité à dire simplement des choses compliqué.
Lorsque vous voulez créer une excellence dans laquelle les simples humains devraient chercher, s’ils le peuvent, à vous suivre, vous faite œuvre de médiocrité."

J'avoue ne pas bien comprendre le sens de votre propos puisque, quelques lignes plus haut, vous me remerciez, si je vous ai bien lu, pour le service que je vous ai rendu en vous permettant de découvrir certains auteurs.
Tour d'ivoire ? Quelle bêtise voyons ! La définition d'un blog est d'être soumis aux regards de tout un chacun, croyez-vous, en plus, que n'aimant pas les commentaires, je ne réponds pas à mes courriers ? Ou que je ne rencontre pas certains de mes lecteurs ? Ou même, rendez-vous compte, que je ne devienne pas leur ami ?
Le manque de qualité est une chose que je vous prierai de ne pas confondre avec un mot beaucoup plus dangereux de conséquences (celui de bassesse) et que je considérerai ne pas avoir lu, ici, sous votre plume, tant il me semble, pour vous le dire franchement, indigne accolé à mes textes.
A mon sens, tout effort d'interprétation est oeuvre d'exigence et de difficulté : que voulez-vous, je ne vais pas me mettre à la portée du cervelet d'une grenouille si je dois tenter de lui faire comprendre Faulkner, n'est-ce pas ?
A vous de vous frotter à la difficulté après tout et, si vous voulez des blogs qui simplifient jusqu'au ridicule la littérature, ma foi, vous n'avez je crois que le plus absolu embarras du choix !

Ah oui, j'ai viré, pour le moment, un seul imbécile, Sébastien (parasite habituel des notes de Pierre Cormary, à moins qu'il ne s'agisse de son clone), venu déféquer sa petite crotte d'envie sur cette note toute simple et qui, une bonne fois pour toutes il me semble, ne vise à exposer qu'une seule chose : ma lassitude de tout ce cirque.
Lassitude ne veut point signifier honte de ce que j'ai écrit et proposé de faire avec Stalker. C'est même tout le contraire, Stalker est ma fierté et... ma croix !

Écrit par : Stalker | 20/11/2008

« Ne s'est-il pas trompé Yanka, en écrivant "nous prétendons vendre des perles", ne voulait-il pas dire "nous vendons des prétendues perles"?

Singulière prétention que ce prétendre là. »

La prétention porte bien sur l'action et non sur l'objet de la transaction éventuelle. Et quand je dis « nous », je parle des blogueurs qui font au moins l'effort de réfléchir et d'écrire dans une langue qui ne fait honte à aucun de nos illustres devanciers, au double point de vue de la correction et du style. Les gens qui savent écrire ne font pas la loi sur Internet, aussi ne boudons pas le plaisir d'en avoir un ici, qui plus est constant dans ses interventions (à mon contraire). Qu'il en agace plus d'un du fait de son caractère entier et de sa grande réactivité est dans l'ordre des choses. Les loups plaisent rarement aux moutons. Mais vous allez me répondre que je n'y connais rien en bestioles et que j'appelle loup un banal putois...

Écrit par : Yanka | 20/11/2008

Cargar la cruz; creo que ahí reside toda la profundidad de Stalker y es tan inmensamente existencial, que muchos de los moscardones que se acercan a su blog nunca serán capaces de verla. Los moscardones no saben diferenciar la miel del excremento, simplemente revolotean para saciar un hambre básica. Cargar la cruz no es la resignación estoica, sino la fortaleza y orgullo de quien lleva al extremo un compromiso, una total consecuencia. Kierkegaard intuyó que el cristianismo no era el producto de una masa, de una Iglesia o de una linealidad histórica, sino la apuesta del individuo en la que en cada paso carga su cruz en libertad y soledad.

Así como George Steiner puso en tela de juicio la autoridad y seriedad del Premio Nobel diciendo “¿Es posible defender a un jurado que prefiere el arte de Pearl Buck al de, digamos, Virginia Woolf?, hay que preguntarse hoy, ¿vale la pena atender a quienes prefieren la complacencia a la consecuencia? Por cierto que no, Stalker ha trazado un camino de crítica literaria en el que la pluma se comporta como el alfiler que atrapa a los insectos, los coloca en una vitrina y los expone, en cambio, a las grandes obras las deja volar. Lo anterior, genera la impotencia y envidia de quienes se saben atrapados en su mediocridad. No es extraño entonces que, Juan Asensio, sea tildado de reaccionario; lo que los moscardones no han comprendido es que, en palabras de Nicolás Gómez Dávila, “ser reaccionario es saber que sólo descubrimos lo que creemos inventar; es admitir que nuestra imaginación no crea, sino desnuda blandos cuerpos.”

Se agradece, entonces, la existencia de Stalker, su cruda honestidad, su capacidad que desnuda y disecta los blandos cuerpos que vegetan en un medio cada vez más insípido y vano. Se agradece la dimensión ética y existencial de sus textos, pues estos son el resultado de un largo viaje por la literatura que pocos se han atrevido a emprender. “El reaccionario no es el soñador nostálgico de pasados abolidos, sino el cazador de sombras sagradas sobre las colinas eternas.” (N. Gómez Dávila).

Écrit par : Carmen | 20/11/2008

Votre texte résonne d’une colère qui me rappelle le Bernanos des grands cimetières et puis j’aime bien votre mention du fer blanc, on pourrait juste ramener la toise en deçà de Mallarmé parce que Bon n’a pas seulement touché au vers c’est à la prose toute entière qu’il a déclaré sa petite guerre de cloporte sociétal...

Écrit par : Docteur John Wayne | 20/11/2008

Pour dire la vérité, tout ceci m'amuse.
Monsieur Yanka, je trouve que votre dernière phase n'est pas vraiment très charitable pour notre hôte...
Pour revenir à l'accusation de grotesque. Je trouve effectivement grotesque, comme je trouve grotesques les n° de L'Infini consacrés à Sollers, que sur un blog dont les commentaires sont au mieux modérés, on laisse publier de tels dithyrambes. Non que je mette en doute la sincérité de ceux qui les écrivent mais il me semble que le récipiendaire aurait pu y répondre en privée s'évitant ainsi d'apparaître comme une sorte de Ceausescu. Mais il est vrai que ledit récipiendaire semble avoir une notion toute relative de ce qui ressort du privé et du publique.
Au dernier mot que vous adressez à vos "pseudo-ennemis (cf votre réponse à ma première intervention), je précise que je ne suis pas votre ennemi, je n'ai rien à défendre et ne vous envie rien, certains de vos avis me semblent pertinents, d'autres ineptes, au dernier mot donc, je répondrais par ces paroles tirées de Saint Mathieu : "Car selon que vous aurez jugé, on vous jugera, et selon la mesure dont vous aurez mesuré, on vous mesurera."

Écrit par : P/Z | 20/11/2008

Zamor : voyons, vous ne reconnaissez pas certaines figures de style, vous, le spécialiste es-littérature, lorsqu'un Yanka les emploie ?
Banal putois est la plus insigne des douceurs qu'un des larvaires consanguins est susceptible de lancer dans mes chevilles, alors...
Yanka étant un malin, chacun de ses compliments cache une vilenie : et alors, notre ton a toujours été amical et ce qu'il fait, dans la Zone ou ailleurs, le regarde.
Merci de me rappeler saint Matthieu (vous devez vous en souvenir peu souvent, de celui-là, vu la façon dont vous l'orthographiez... passons), que je n'oublie guère, croyez-moi.
Je sais donc ce qui m'attend mais... Non, c'est une bêtise, nul ne sait ce qui l'attend, c'est le plus beau des mystères d'ailleurs que cette possibilité de la sainteté ou de la damnation !
Disons que je sais qui je déteste et méprise réellement : très peu de personnes en fait, surtout les lâches, pour lesquels je ne vois aucun pardon.
Vous avez bien des défauts, Zamor, mais une qualité qui, sur la Toile, est décidément assez rare : vous ne vous cachez pas.
Le reste n'est que bavardage, vous vous en doutez et je suis ma foi d'accord avec vous.
J'ai ensuite beaucoup de mal à comprendre l'intérêt de votre critique concernant ma ceaucescuïsation...
Je n'ai rien demandé à personne, j'ai juste ouvert les commentaires, sachant que, lorsque je le fais, je reçois pas mal d'insultes (toujours anonymes) : que Stalker provoque ces réactions, mais qu'y puis-je à la fin ?
Mon dégoût, ma lassitude, sont bien réels et pourtant, vous me direz le contraire peut-être, je n'ai à rougir d'aucun de mes textes critiques je crois.
Je lis, j'écris et ne fais rien d'autre, hormis répondre aux courriels que charrie la Zone et, de temps à autres, de moins en moins souvent, rencontrer certains de mes lecteurs.
Je ne suis ni un saint ni un salaud intégral : juste un homme je pense, comme vous devez l'être mais avouez que Stalker me fait passer pour une sorte de monstre à la fin, d'érudition, de méchanceté, de vilenie, de littérauture, que sais-je encore ?...
Posez-vous donc la question, Pascal, de savoir pourquoi vos propres textes n'impliquent pas de telles réactions, je vous l'accorde excessives parfois, dans l'admiration comme dans le mépris le plus ordurier et bas.
J'ai ma réponse qui vaut ce qu'elle vaut mais qui me semble assez juste : vous aimez la littérature, je l'aime aussi. Seulement, j'ai l'impression que vous ne la considérez que comme une fin en soi, d'où ces éternels jeux de signifiants, sur vos blogs et quelques autres en lien chez vous.
Moi, je la vois (tout comme l'art) comme un outil, l'outil le plus perfectionné qui soit si vous le voulez mais un outil : l'art doit se faire transparence et les jeux de signifiants, de métatextualité, de contextualisation, de grilles de lecture, bref : toute la logorrhée moderne de la criticologie est, au mieux, un plaisir de mioche jouant avec un tracteur.
Vous aurez compris, Zamor, que je vise un Absent en dévorant l'art : qu'Il existe m'importe guère, no hay caminos pero hay que camina, de la même façon, si Dieu n'existe pas, il faut tout faire pour Le chercher (La Route de McCarthy et tant d'autres oeuvres grandes, peut-être, en fin de compte : TOUTES les grandes oeuvres).
Qu'il n'existe pas et, dans ce cas, il faudra que l'on m'explique pourquoi l'art véritable vise systématiquement un horizon qui n'est pas seulement l'immanence des cloportes et nous appelle, comme les chiens de Maldoror, à gueuler certes mais à gueuler en visant la Voie Lactée.
Si Dieu n'existe pas, tout est permis, oui.
Si Dieu n'existe pas, alors l'Art est la consolation la plus inutile existant dans l'univers (ou peut-être seulement sur notre planète, je dis cela à titre d'hypothèse).
Je crois que, in fine, au-delà de mes détestables moeurs (rendez-vous compte, j'appelle un con un con et un journaliste un... journaliste ! Impardonnable, cela !), ce que les imbéciles me reprochent est finalement de comprendre, quelque peu, que mes textes les soulèvent eux-mêmes du plancher des vaches, les considèrent comme autre chose que de simples ruminants.
Voyez ce que dit Steiner des Juifs : selon lui, l'une des causes de l'antisémitisme provient du fait que la culture et la religion juives ont hissé l'homme au-dessus du pourceau.
Or, il n'y a rien que l'homme désire faire davantage que de se rouler dans sa fange.
Voyez que nous sommes très loin de Sollers tout de même...
A tous, amitiés.

Écrit par : Stalker | 20/11/2008

C’est la première fois que j’interviens sur ce blog.
Et si je le fais c’est simplement pour exprimer publiquement ici et sans aucune flagornerie ma reconnaissance à Monsieur Asensio pour la qualité de ses analyses. Un tel travail de fond ne peut pas être réalisé sans un investissement personnel certainement épuisant sur la durée. Pour ma part, je suis plus dans la position de celui qui écoute et qui réfléchit car il faut être lucide, si l’exercice de son propre esprit critique demande déjà un minimum d’effort personnel, pour débattre publiquement il faut avoir la capacité de charpenter ses arguments avec des références, ce qu’il est impossible de réaliser sans un certain bagage intellectuel maîtrisé. L’intérêt de ce blog est qu’il est accessible à tous ceux qui veulent réfléchir, qu’ils soient capables ou non de débattre ou qui n’en ont pas le goût. Et dans un monde où l’ambiance est plutôt à la médiocrité, cela permet de sortir de l’ordinaire pour aller plus au fond. Donc, merci Monsieur Asensio. Enfin, permettez-moi de vous suggérer de vous ménager des jardins secrets afin de ne pas vous laisser envahir par un travail trop harassant qui vous minerait et le moral et la santé. Bien amicalement avec encore une fois toute ma reconnaissance.

Écrit par : larose | 20/11/2008

Pour M. Cardon, concernant une supposée nécessité de simplicité.

Etant donné que M. Cardon fait référence, au début de son commentaire supra, à mon article "D'un art retrouvé de l'apologétique - sur "Le Politique et le sacré" de F.V. Gaver" publié il y a quelques années par Juan, il me semble nécessaire de lui répondre à mon tour "cum grano salis".
Vous souhaitez, cher M. Cardon, qu'on dise "simplement des choses compliquées". Mais c'est malheureusement très difficile, et revient souvent à simplifier des choses compliquées, donc à faire perdre de sa substance au réel. La pensée n'a pas pour objet de simplifier la complexité, elle a pour objet d'en rendre compte. Elle est par nature exigeante. Elle nécessite une culture, un vocabulaire technique et critique qu'on ne domine qu'après des années d'exercice intellectuel et spirituel. Les facultés et les instituts sont destinés à cela, justement.
Nul ne peut s'affranchir d'une telle initiation : celui qui le prétend est vide comme une cymbale retentissante, sur le plan intellectuel, à moins qu'il n'ait lui-même, en pur autodidacte, cheminé sur les mêmes sentiers. Peu en sont d'ailleurs capables, et cela leur prend le même temps qu'aux universitaires pour en arriver au même stade.
F.V. Gaver n'aurait pas pu écrire son livre LE POLITIQUE ET LE SACRE sans une connaissance et une culture. Je n'aurais à mon tour pas été capable de le critiquer sans un connaissance et une culture. Vous pourrez le lire sans la même mais vous perdrez un certain pourcentage de compréhension de ce qu'il veut dire car inévitablement, le choix, l'ordre, le style qu'il adopte font références à, répondent à... des éléments que vous ne connaissez pas et ne pouvez appréciez qu'en les connaissant.
"Il faut bien débuter, commencer" me direz-vous. Sans doute : l'école est ce début. L'université sa poursuite. La pensée personnelle ne peut débuter qu'ensuite, inspiration poétique ou mystique mise à part qui n'est pas ici notre objet, n'est-ce pas ? Car la théologie est une science : il y a pour cette raison une "Revue des sciences théologiques et philosophiques" publiée par Vrin, par exemple.
Bref, je suis ravi de vous avoir donné envie de lire un livre - apologétique en l'occurrence - mais cette envie ne sera valable que si elle constitue un désir de vous élever au niveau culturel de l'auteur lui-même. Faire le bien est une chose, vouloir comprendre et expliquer le réel en est une autre, et la théologie apologétique une troisième qui procède des deux précédentes mais ne se confond pas avec elles. Vous me suivez ? C'est assez clair ?
Donc Stalker et La Zone n'ont pas à se rendre clair au commun pour mériter un éloge moral : c'est une perversion intellectuelle de le croire. C'est l'inverse qui est vrai. Le commun, en tombant - parce qu'il l'aura cherché un peu, au moins - sur La Zone, accède à un domaine qui est celui d'une élite : en la lisant, il peut devenir meilleur qu'il ne l'était auparavant. C'est le processus même de la culture que de nier un état passé pour accéder à un état supérieur au moyen d'un effort.
Si c'est ce mot "Effort", un de ces mots que nous aimons, qui vous pose ici problème, sachez que sa valeur intellectuelle et morale est pourtant bien avérée. Vous le savez bien intimement, je suppose. Notre grand Maine de Biran en avait même fait - et avec quelle profondeur anthropologique ! - le fondement même de son ontologie !
Donc, cher M. Cardon, encore un effort si vous voulez jouir réellement de la Zone ! Il faut la mériter, même si ce n'est pas au sens moral d'un quelconque impératif kantien.

Bien à vous

Écrit par : francis moury | 20/11/2008

A Stalker et aux lecteurs de ce blogue : j'ai pris le parti de ne plus revenir sur les blogues de Hautetfort pour les raisons que Hautetfort, et son dirigeant Philippe Pinault, est devenue une entreprise de censure injuste, d'étouffement de la réflexion, de la pensée libre, et un robinet d'eau tiède. Hautetfort est un censeur, alors censurons-le en chœur définitivement et ne laissons pas s'enrichir un parasite, un jouisseur, un opportuniste, un étrangleur.

Écrit par : Censure | 20/11/2008

corrigendum : à la dernière ligne du 6ème paragraphe avant la fin de mon commentaire précédent, lire "... ne pouvez apprécier..."

PS : je viens de manger, par pure gourmandise, une boîte de biscuits au chocolat Kimbly (? il faudrait que je retourne dans la cuisine vérifier la marque mais enfin j'orthographie de mémoire) et j'ai découvert qu'elle mentionne un bien sympathique slogan à son verso, signé par le fondateur de la société. Il dit à peu près ceci :

"Si tant de nos clients sont satisfaits par nos produits, c'est sans doute parce que nous ne le serons jamais totalement nous-mêmes"

Cela me semble parfaitement s'appliquer, mutatis mutandis, à notre propre exigence ! Je dis "nous" en incluant Juan le premier dans ce "nous" et en le faisant suivre par les divers contributeurs qu'il héberge et édite régulièrement, faisant ainsi de "Stalker" ce qu'on peut considérer comme la véritable première (par le poids et le contenu) revue intellectuelle française -pas seulement vouée aux lettres anciennes, modernes et contemporaines en dépit de ce que pourrait laisser croire son titre complémentaire se terminant par le mot "littérature" mais aussi, assez régulièrement, aux autres champs du savoir et de la culture - en ligne sur Internet.
Les réactions de la majorité des lecteurs sont d'ailleurs unanimes et constituent une bien gratifiante récompense que je salue ici !
Puisse tout cela continuer le plus longtemps possible, tel est mon unique souhait pour l'heure...

Écrit par : francis moury | 20/11/2008

Bonjour et au revoir,
j'étais entrer pour dire, pour vous dire et pour écouter et lire : j'ai dit. J'ai écouté. Je reviens pour lire mais je n'ai plus à dire. J'ai aimé les traces de Dante... et un certain chemin difficile.
Vous parlez parfois de Dieu et comme cadeau d'à Dieu, quelques lignes de Jorge Luis Borges que j'aime beaucoup. Celles-ci De L'aleph. On y va ?
" Que Dieu s'efforce d'effeuiller ce monde, cela ne se peut qu'au travers des actes d'une libre déambulation, d'une tentative dont le créateur ne connaît guère l'issue...dépendant de l'essai timide de celui qui l'arpente... rejouant l'incertitude de Dieu par ce geste qui signe et scelle cette quête de soi-même.
...Cet Aleph existe-t-il au coeur d'une pierre ? L'ai-je vu quand j'ai vu toutes les choses et l'ai-je oublié ? Notre esprit est poreux en face de l'oubli ; moi-même je suis en train d'altérer et d'oublier, sous la tragique érosion des années, les traits de Beatriz."
Voilà, de passage et de pas sage, christiane.

Écrit par : Christiane | 21/11/2008

Cher Francis Moury, tout à fait d'accord avec ce que vous écrivez, mais ... des Kimbly?! Beurk!!! Encore heureux que cette société ne soit pas totalement satisfaite! Ces arômes artificiels de chocolat! Se prendre du cholestérol avec du chocolat industriel, en mangeant toute une boîte, grave erreur! :-)
Pardon, Juan, je crois que je sors du sujet, là...

Écrit par : Elisabeth Bart | 21/11/2008

Le travail du stalker fait partie des œuvres qui ont (re)lancé la croissance de mon organe de la foi - foi en la langue, en la littérature, toujours, viscérale, foi dans le Verbe, peut-être, aussi probable qu'un incendie de brousse finit par se propager alentour. Bien sûr, c'est aussi une question de fertilisant.
Monsieur Asensio, vous faites un excellent (car exigeant) maître d'armes. Et vous avez les boyaux d'un homme vivant ; dans la marée des zombies et des ventres mous, ce genre de singularité donne un peu de grâce à la vie parmi les hommes.
Bonne route, quelle que soit votre décision.

Écrit par : Comte de Clairanval | 21/11/2008

En fait il s'agit de la marque KAMBLY et le fondateur de la société se nomme Oscar Kambly. Ils sont délicieux et ne justifient pas l'onomatopée que vous avez employée ! Quant au cholestérol, ma foi, vous savez, chère Elisabeth Bart, j'absorbe quotidiennement un comprimé d'Elisor qui en combat les effets, alors je crois pouvoir me permettre, from time to time, une incartade momentanée à la prudence.
Je constate que d'un sentiment puis de la position d'un problème touchant à la philosophie du langage et à la métaphysique nous en sommes arrivé à une discussion gastronomique concernant un biscuit au chocolat.
De même qu'il faut bien commencer, il faut bien aussi conclure... et on ne pourra plus nous reprocher de ne nous nourrir que d'abstractions incompréhensibles ou excessivement désincarnées. Et puis la madeleine - pur objet sur lequel se greffe l'absolu d'un sens, d'une vie - de Marcel Proust constitue un sérieux prédécesseur à de tels parcours, suffisant à nous le faire pardonner.

Écrit par : francis moury | 21/11/2008

J'allais prendre la route et s'est affiché, là-haut, un texte d'une beauté et d'une grâce fulgurantes. Jusqu'au dépouillement de la langue pour trouver le coeur de ce livre. J'accorde les mots de l'aube à ceux fragiles et sûrs de cette méditation. Du grand et émouvant Stalker. Du très beau Juan Asensio.

Écrit par : Christiane | 22/11/2008

Aussi sophistiqué se veut-il, un cirque n'est jamais qu'un cirque. Buen dia, Juanito !

Vos jeux d'escrime (ou de paume ?) avec P/Z ne sont point totalement dépourvus d'un quelconque ravissement, je l'avoue sans peine, tout de même.

Ah, les mâles... j'en frémis de bon heur.

Vous faudra-t-il recourir à un traitement au laser - que la Force soir avec vous ! - de ce calcul qui vous pousse à trancher sans merci entre l'utile et l'inutile, sweetie pie ? Car ce qu'il a d'arbitraire n'est pas sans vous affaiblir, voire vous appauvrir, vous et votre Zone.

Ouarf.

À l'envers de plusieurs. De salutaire il n'y a que l'adéquation et cette grâce, pour s'éprouver, fait fi des hautes cîmes des grandes âmes autant que de la fange dans laquelle se vautrerait quelque bouseux ou des gouffres sur les bords desquels ont voulu danser de misérables hères avant que d'y choir. D'ailleurs, sommets et précipices ne se chevauchent-ils pas ? Et qu'est-ce que la hauteur et la profondeur sinon que l'idée que chacun se forge selon le niveau de sa "propre" mer ?

Le désespoir est la forme supérieure de la critique, remember, hon' ? Ainsi avez-vous besoin de celui des autres...

Je signerai ainsi qu'il vous plût de m'appeler un jour - ou était-ce une Nuit.

Enfin, avant que de battre, nos cœurs ne s'arrêtent, tintinnabulons un peu :

http://fr.youtube.com/watch?v=FDBsE5gjSi0

Écrit par : lady macbeth | 22/11/2008

"Un dernier mot, enfin, à mes (pseudos-)ennemis : j'ai systématiquement remarqué qu'ils cherchent à m'atteindre et me blesser par la parodie, la caricature, la moquerie, l'insulte anonyme, l'insinuation, etc.
Mais avez-vous remarqué que personne, je dis bien personne n'a jamais osé m'affronter sur mon terrain, le seul pour lequel je revendique une maigre compétence, à savoir, la critique littéraire bien sûr ?"

Si vos soi-disants ennemis, peut-être (hypothèse) issus d'un imaginaire mystico-paranoïaque qui vous va si bien, utilisent ces méthodes que vous citez, c'est sans doute parceque ce sont bel et bien les méthodes auxquelles vous avez recours pour systématiquement blesser et rabaisser ceux que vous jugez mal, méthodes qui vous vont bien aussi, comme le plus pire d'un Maurras sans son écriture; quant à vos critiques, c'est une autre question, je ne dis rien de plus.

Écrit par : P-V Delambre | 22/11/2008

Ah bon Delambre ?
Maurras ? Qui donc ? Connais pas, désolé, c'est peut-être un fantôme, non ?
Je ne sais pas si ces méthodes que vous me donnez sont vraiment les miennes parce que, sauf erreur de ma part, je dis toujours ce que j'ai à dire sur mon blog et ne me cache pas, jusqu'à nouvel ordre.
Si vous songez à des commentaires laissés ici ou là, je n'emploie jamais que le pseudo Stalker.
Je voulais réagir au commentaire de Censeur : j'ai du mal à comprendre cette critique sur Philippe Pinault, que je connais un peu et qui, sauf erreur de ma part, est une personne d'une tolérance sans bornes quant aux opinions (du moment, bien sûr, qu'elles sont à peu près argumentées) qui s'expriment sur les blogs de ses plate-formes.
Pour ce qui me concerne, jamais je n'ai été soumis à la moindre contrainte en provenance directe ou indirecte de Pinault, il faut tout de même que ce soit dit bien clairement.
Ce n'était pas exactement le cas de son prédécesseur qui, sur un coup de fil du sieur David Kersan qu'une de mes notes avait dû apparemment gêner, avait tout simplement interdit tout accès à mon blog pendant un temps illimité...
Cette micro affaire remonte à 2004 ou 2005, je ne sais plus...
J'imagine avec joie, à présent, un quelconque David Kersan tentant d'intimider P. Pinault !

Écrit par : Stalker | 22/11/2008

Maurras oui c'est un fantôme, mais il n'arrête pas de revenir embêter les vivants via des putrides paroles; j'étais pourant convaincu que vous en ayez entendu parler, bizarre...
Comme vous, je ne dis que ce que j'ai à dire, mais hélas, je ne suis qu'un squelette, je n'ai pas de poids, quant à vos commentaires laissés ici ou là, oui j'y songeais aussi, et je ne pense pas que ce soit exagéré de ma part de remarquer des dérives insultantes ici et là, même ici, très souvent là. Vous n'employez jamais que le pseudo Stalker: fort bien, fort bien.

Écrit par : P-V Delambre | 22/11/2008

Eh bien! que de commentaires édifiants! Permettez que j'en ajoute un, un peu confus:
Comme bien d'autres, je suis sur la même ligne que vous (mais sans doute pas à la même hauteur?) concernant l'art comme moyen et non comme fin. Et oui bien sûr, comme j'ai déjà eu l'occasion de le dire ailleurs, nombre de vos études critiques sont fines et stimulantes, et par delà leur contenu, elles constituent pour les lecteurs-internautes de véritables appels à davantage d'exigence intellectuelle. Il n'y a bien que vos "pseudo ennemis", définitivement enfermés dans les clivages idéologiques et/ou dans des rancoeurs personnelles, pour nier cette évidence.
Mais deux-trois choses me chagrinent dans votre posture:
1) vous aimez à répéter que personne ("je dis bien personne") n'est à même de vous attaquer sur vos interprétations littéraires. Vous en déduisez qu'elles sont sinon inattaquables, en tout cas bien au dessus des maigres forces cérébrales de vos détracteurs. C'est possible. Mais vous excluez un peu vite d'autres hypothèses, et notamment le fait que vous faites de la critique "partiale" (très bien) à partir de postulats qui par définition échappent à l'examen critique (ou alors on s'engage dans de longs débats qui engagent des conceptions métaphysiques inconciliables); pour ne prendre qu'un exemple présent dans une réponse de ces comentaires: vous dites "si Dieu n'existe pas, alors l'Art est la consolation la plus inutile existant dans l'univers"; peut être bien, mais non, désolé, rien de certain; votre affirmation implique justement l'existence de Dieu, ou plutôt l'exigence de la possibilité de l'existence de Dieu; c'est à cette aune que l'Art devient un inutile divertissement pascalien, il faut que le pari ait eu lieu avant pour le voir ainsi. En revanche, on peut imaginer un monde sans Dieu ET sans attente de Dieu (merci Simone), sans nécessité de Dieu, un monde où l'humain, petite créature vivotant comme elle peut trouve son contentement le plus accompli dans l'art, auquel cas, non, mille fois non, l'art ne sera pas une "consolation inutile". Et à part constater cette éventuelle divergence de départ, je ne vois pas bien ce qu'un de vos "critiques" peut ponctuellement critiquer dans telle ou telle de vos études "verticales". On entre dans votre cercle interprétatif ou on reste en dehors: dans ce dernier cas, on peut admirer l'architecture de votre pensée en restant à l'extérieur, parce que les fondations sont discutables.
2) Internet n'en fini plus de vous décevoir, soit; la blogosphère est remplie de myriades de cloportes bavardant dans le vide, sans doute (je parle d'expérience, je suis l'un d'eux) _ et vous vous trouvez donc bien seul, souvent, si haut et si incompris par la plèbe... Je vous crois sur parole. Mais enfin, comme le dit plaisamment Igor Yanka, il faut savoir où on va quand on propose de la haute spiritualité. La tenue des blogs, pour beaucoup, relève du temps libre, de la détente, de la gentille évasion. C'est un fait. Allez-vous le reprocher éternellement aux amateurs de la toile? On peut aussi aller sur la plage, à Bandol, en plein mois d'août, à 16 heures, pour lire "Monsieur Ouine" en prenant des notes sur le sable brulant; puis, se tournant vers les autres vacanciers, être pris de dégoût: eh quoi! pas un autre sur cette plage populeuse pour lire "Monsieur Ouine"! tous vautrés à faire griller leur vieille bedaine! les plus courageux lisant un chapitre de Musso! ah! les sous-merdes! les affreux rampants!... Spectacle désolant, assurément. Mais enfin, peut être que parmi ces corps rissolés, il existe quelques esprits qui ont lu ou liront "Monsieur Ouine" l'hiverr d'avant ou l'hiver d'après, allez savoir? Juger les blogueurs sur leurs blogs ou commentaires de blogs est un peu facile: bien peu sont dans une logique sacerdotale, ils donnent peu dans le peu de temps de loisir consacré à ces oeuvres éphémères d'internet...
3) Sur votre "colère" qui est l'"effervescence" de votre "pitié": la formule est belle, mais dans le détail... J'entends ce que dit Elisabeth sur le Christ (Juan christique??), mais il me semble bien que le Stalker va souvent au delà (ou en deçà) de la "polémique" évangélique. Lorsque vous faites une descente sur un petit blog pour condamner en deux-trois formules un groupe d'internautes ahuris, qui n'avaient jamais entendu parler de vous auparavant et qui ne demandaient rien à personne si ce n'est poursuivre leurs petits dialogues innocents à voix basse, je ne vois pas bien à quels marchands du temple ou pharisiens vous vous attaquez. Vos coups verbaux sont réjouissants quand ils frappent avec une belle démesure telle "figure" de la blogosphère qui pense (à tort ou à raison) avoir les moyens de vous les rendre, et oui dans notre siècle d'eau sucrée (merci Gustave) un peu d'alcool fort n'est jamais de refus. Mais plus d'une fois vous avez négligemment écrabouillé quelque esprit qui n'en demandait pas temps et qui, j'en doute fort, ne sera peut être pas sensible à l'appel d'"exigence" que vous prétendez lui lancer virilement, à grands coups de pieds dans la tronche... Je crois surtout que votre libido sciendi n'a d'égal que votre libido dominandi, Stalker. Je ne vous condamne évidemment pas (je suis mal placé pour cela), vous même avez précisé que vous n'étiez pas un saint (saine lucidité). Je pense simplement que vos excès, que vos amis ont l'air de trouver sinon charmants en tout cas nécessaires, ne sont ni charmants ni nécessaires. (mais je vous dis tout cela sans doute parce que je suis un tiède à vomir? _ je sens déjà le souffle brûlant de la réponse:)
Arf, je fus long (mais incomplet), désolé. Mais comme je quitte pour un certain temps la blogosphère et que l'on s'est croisé à plusieurs reprises, autant vous faire part de mes modestes impressions. Vous l'aurez compris, je pense que la place que vous occupez dans la blogosphère est tout à fait inédite et importante, mais cela, il y a tellement de gens ici pour vous le dire avec davantage de ferveur que je n'insiste pas.

Écrit par : Marco | 22/11/2008

Marc, pas le temps de répondre à toutes vos remarques.
Sur les commentaires à droite ou à gauche : je vous ai dit que j'étais humain, trop humain donc, ma foi, bien sûr que j'ai pu être blessant ou assommant, au sens premier du terme mais, voyez, je n'ai jamais refusé une véritable conversation, quels que soient les calamiteux débuts d'une relation (celui qui signe Tang, ici, pourrait le confirmer).
Sur le reste, par exemple les critiques de mes critiques : je vous réponds, non. Parce que, sauf erreur de ma part, si ma visée est, disons, essentialiste, je ne mets pas Dieu à toutes les lignes et il y a bien des textes qui peuvent être amplement critiqués quant à leur technique de lecture.
Critiquer mes textes publiés sur Stalker, c'est une chose; il y a aussi un autre versant, que sont mes publications universitaires (sur Bernanos) et, là, vraiment, je ne pourrais pas m'amuser à jouer le lyrisme bloyen...
Que l'on ne partage pas mon présupposé d'ordre métaphysique, je vous l'accorde bien volontiers, mais, alors, comment expliquer que la majorité des critiques beaucoup moins métaphysiques que les miennes, voire franchement matérialistes que je lis, sur la blogosphère et dans les livres soit, disons, pour rester polie, comme incomplète, lassante, bref, sans pratiquement aucun intérêt que celui d'un petit jeu intellectuel plus ou moins habile ?
Vous voyez, vous n'avez sans aucun doute senti aucun souffle brûlant dans ma réponse !

Écrit par : Stalker | 22/11/2008

(et oups, désolé pour les fautes d'orthographe: "finit", "tant" entre autres; il est décidément temps pour moi de faire un break)

Écrit par : Marco | 22/11/2008

Lady Macbeth, le retour. Mais, Juan, vous permettez que je change de rôle ? Je le demande, mais pour la forme seulement...

Comment ? On voit trop mes dents !?!

Alors.
Ne serait-ce que pour la passion qui vous anime, mais aussi et surtout pour le vif-argent de ces lignes offertes par vous sur ce fil (lignes dont j'avais fait le choix de ne pas les relever la première fois mais pour lesquelles je me promettais un retour) :

« Quand ces fantômes bavards comprendront-ils que notre salut est de chair ?
Je laisse donc le Ciel aux oiseaux et aux ectoplasmes et me contente bien simplement du sel de la terre. »
...l'inconstante lectrice que je suis ne saurait vous quitter ni vous oublier à tout jamais.
Avec vous, c'est un peu l'Éternel Retour.
Un long tango, un jour, vous croyez ?
Il y a quelque temps, Christian Bobin nous entretînt à propos du blé des momies. Ces grains qui, des siècles et des siècles plus tard, conserve ce qu'ils avaient du vivant. La Zone n'existe pas en vain, ainsi que vous savez, très chair, mais les fruits des labours sont parfois lents à paraître, voire ne le seraient pas toujours ou forcément aux yeux du semeur même.
Puisse votre interrogation teintée de lassitude avoir déjà trouvé quelque ravitaillement ici dans les commentaires, sinon je vous souhaite une brèche ouvrant une nouvelle voie qui répondrait à votre aspiration.
Protestez si vous voulez, mais je vous colle un bisou malgré tout.

Écrit par : judith | 23/11/2008

Moi, ridicule ténia anonyme, déclare que je ne suis rien sans Asensio.
Je l'aime et l'envie tant que je ne peux m'empêcher de lui glisser quelque vacherie amoureuse, que ce soit sur mon ridicule blog consanguin ou sur le non moins pathétique forum de Chronic'art, très justement conchié par le passeur de la Zone, où j'officie pourtant, à l'abri de toute tentative de traçabilité de ma limaçante prose.
Amen.

Écrit par : Frère Sclérose | 24/11/2008

Être rien sans Asensio, ou ne pas être tout avec lui, telle serait donc la question ??

Écrit par : judith | 25/11/2008

Votre résistance me fait le plus grand bien

Écrit par : Dourgwez | 25/11/2008

Juan Asensio,

Vous êtes vivant parce que vous portez la Croix, et chez vous la Croix est lourde et prend le nom de Stalker. Vous osez vous laisser inspirer et porter par le Verbe, et cela est épuisant. Vous êtes un combattant en première ligne. Certains combattent une arme à la main, d'autres en donnant leur vie à leurs enfants, leurs parents, des proches, des inconnus; vous, combattez ici.
Toutes ces considérations sur la virtualité sont du vent, ce qui se passe ici est bien réel, les coups que vous portez et surtout ceux que vous recevez sont bien réels également. Les livres que nous tenons dans nos mains suite à vos notes sont bien réels, la vérité qui jaillit de vos analyses et pénètre nos sens est bien réelle elle aussi - et Dieu seul sait quelles conséquences elle a dans nos vies. Combien de conversions, conscientes ou pas, déclarées ou sous-jacentes, à l'actif de Stalker?

Merci et bon courage,

aquinus, lecteur

Écrit par : aquinus | 26/11/2008

« Aucun homme, ce n’est pas vrai, ne s’avance tout seul jusqu’au bord de son risque ; il n’ose pas. Aucun homme non plus, même le plus audacieux, ne commence vraiment à penser sans être plus ou moins intimidé par ses pensées. Il a besoin d’appuis ; il lui faut rencontrer des frères, retrouver des amis pour pouvoir, pour oser se risquer plus avant. Que croyez-vous que soient les livres, certains livres ? Qui croyez-vous que soient leurs lecteurs, certains lecteurs ? On parle à tort et à travers des influences qu’a subies une personnalité en se formant, ou un génie ; mais c’est tout le contraire : ce sont des permissions que l’originalité s’en va chercher pour devenir ce qu’elle se sent déjà le besoin d’être tout à fait, sans en avoir pourtant tout à fait le courage, ni les moyens peut-être. Aucune expérience n’a jamais pu rien apprendre à personne en ces domaines ; mais toute expérience peut toujours servir à confirmer quelqu’un. Et plus tard, lorsque vraiment son être entier adhère à ce qu’il pense et quand chaque pensée retentit pleinement sur son existence, le solitaire qui jette l’ancre, plonge sa nasse ou mouille ses filets dans des eaux inconnues n’inaugure par là aucune sorte d’aventure ; s’il ausculte la nuit, ses mains ne sont pas veuves ; s’il interroge le silence, il n’est pas orphelin. C’est toute une famille d’esprits qu’il a autour de lui, et il se sait un peu partout, sur l’immense étroitesse du temps qui les allie, des frères, des cousins, des amis et des maîtres. Nommés ou consultés dans le passé, connus ou devinés dans le présent, pressentis et aimés dans l’avenir. Le même oracle et l’unique leçon : celle qu’on va chercher et qu’on ne peut ni entendre ni prendre qu’à condition de la connaître déjà. »

Armel Guerne, Novalis ou la vocation d’éternité, in L’âme insurgée (Phébus).

Écrit par : Amélie-Charlotte | 27/11/2008

@Stalker: Marc Sefaris (signant Marco) étant un visiteur épisodique de mon bac-à-sable, il doit connaître les suites de notre échange d'amabilités. Je suis assez de son avis sur pas mal de points, mais je l'ai déjà dit et n'y reviens pas.

@Amélie-Charlotte: merci pour cet extrait d'Amel Guerne. Sublime.

Écrit par : Tang | 28/11/2008