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02/10/2010

Au-delà de l'effondrement, 26 : Au nord du monde de Marcel Theroux

Crédits photographiques : Yoon S. Byun (Globe Staff).

313774931.2.jpgTous les effondrements.









Theroux.JPGÀ propos de Marcel Theroux, Au nord du monde [Far North, 2009] (Plon, coll. Feux croisés, traduit de l’anglais par Stéphane Roques, 2010). C'est la réédition de ce texte, chez Zulma, qui illustre cette note.
LRSP (livre reçu en service de presse).

Le nom du romancier Marcel Theroux n’est pas complètement inconnu des lecteurs français qui se souviennent peut-être du Royaume des moustiques écrit par son père, Paul Theroux. Dans cette fable inquiétante, un certain Allie Fox, venu s’installer avec sa femme et ses deux enfants sur une côte du Honduras complètement vierge, finira par n’être plus que le monarque pitoyable d’un royaume dévoré par les insectes. Quelques années plus tôt, William Golding imaginait dans Sa Majesté des mouches l’histoire sombre et cruelle d’enfants livrés à eux-mêmes ayant fait renaître la violence sacrificielle propre aux âges les plus lointains de l’humanité.
Tout comme le roman de Golding et Le Royaume des moustiques, Au nord du monde décrit un univers revenu à la sauvagerie au travers du regard d’un étonnant shérif féminin qui, pour survivre, doit se grimer en homme. Cette femme défigurée et peu commode qui répond au prénom prédestiné et ironique de Makepeace est d’ailleurs l’unique intérêt de ce roman. Makepeace Hatfield essaiera coûte que coûte de ne pas sombrer dans la bestialité et d’améliorer le sort de ses compagnons d’infortune, ce qui ne l’empêchera point de tuer l’homme qui l’a mutilée et violée. Empruntant un peu trop visiblement ses références au classique des frères Strougastki, Stalker ainsi qu’à l’une des œuvres les plus dépouillées de Cormac McCarthy, La Route, Marcel Theroux semble avoir éprouvé toutes les peines du monde à extraire son roman de la torpeur glacée dans laquelle il a plongé les terres ravagées du Grand Nord sibérien.
L’invention post-apocalyptique, discrètement optimiste quoique moins convaincante que celle du Rat blanc de Christopher Priest ou de La Terre demeure de George R. Stewart mais aussi la réflexion, pétrie de références et d’images bibliques, sur l’ambiguïté des notions de bien et de mal ne parviennent pas à relever le niveau d’une histoire assez pauvre racontée dans une écriture qui l’est tout autant.

Une version écourtée de cette note a paru dans le numéro de Valeurs actuelles du jeudi 30 septembre.
Également, dans les pages littéraires de ce même numéro, une critique du dernier roman de Mathias Enard.